Le gouvernement démissionnaire du Premier ministre gabonais Jean Eyeghé Ndong a été reconduit quasiment à l'identique vendredi par la présidente Rose Francine Rogombé, qui assure l'intérim depuis le décès d'Omar Bongo Ondimba, selon des décrets lus à la télévision publique.

Le seul changement notable est celui du ministre de l'Intérieur, qui sera chargé de l'organisation de la prochaine élection présidentielle.

André Mba Obame, qui d'après plusieurs sources concordantes suscitait l'hostilité de la société civile, de plusieurs opposants comme de certaines franges du pouvoir, est remplacé par Jean-François Ndongou, également membre du Parti démocratique gabonais (PDG) fondé par Omar Bongo.

M. Mba Obame remplace M. Ndongou comme ministre chargé de la Coordination et du suivi de l'action gouvernementale.

Le ministre de la Défense Ali Ben Bongo, fils du défunt et candidat potentiel à sa succession, ainsi que tous les autres membres du gouvernement cités comme éventuels postulants (le vice-Premier ministre chargé de la Culture Paul Mba Abessole, le chef de la diplomatie Paul Toungui, le ministre des Mines et du Pétrole Casimir Oyé Mba, le ministre de la Santé Idriss Ngari...) conservent leur poste.

M. Eyeghé Ndong a lu en fin de soirée à la télévision les deux décrets pris par la présidente intérimaire pour le reconduire en tant que chef du gouvernement et pour nommer ses 48 ministres.

Toutes les personnalités du précédent gouvernement sont reconduites, et conservent leur rang protocolaire, mais une petite poignée d'entre elles changent d'affectation.

M. Eyeghé Ndong, Premier ministre depuis janvier 2006, avait présenté vendredi matin la démission de son gouvernement.

«J'ai remis ce jour à la présidente de la République la démission de mon gouvernement», a-t-il déclaré, soulignant avoir agi «conformément à la Constitution».

Saisie par Mme Rogombé, la Cour constitutionnelle avait statué le 12 juin que «les fonctions du gouvernement (cessaient) automatiquement à l'issue de la prestation de serment du président de la République, élu ou désigné».

La démission avait dans un premier temps été annoncée comme imminente, puis reportée, le temps des obsèques.

Omar Bongo, dont le décès a été annoncé le 8 juin, a été inhumé jeudi à Franceville (sud-est) au terme de dix jours d'hommages.

Ces derniers jours, en coulisses, les tractations allaient bon train au sujet du sort du gouvernement, avec en ligne de mire l'organisation d'un scrutin présidentiel et la succession d'Omar Bongo après 41 ans de pouvoir.

Plusieurs hypothèses circulaient, de la reconduction de la même équipe à un changement de Premier ministre.

La Constitution prévoit l'organisation d'un scrutin présidentiel 45 jours au plus tard après la prise de fonctions du chef de l'Etat intérimaire, intervenue le 10 juin. En «cas de force majeure», ce délai peut être prolongé.

Cette clause pourrait être invoquée en raison de la nécessité, unanimement reconnue, de mettre à jour les listes électorales, estiment plusieurs observateurs.