Le président soudanais Omar el-Béchir a nié que ses forces armées aient commis des crimes au Darfour dans une interview à la BBC, la première accordée à une télévision internationale depuis le mandat d'arrêt émis à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI).

«Je défie quiconque de me donner des preuves (montrant) que les forces armées soudanaises ont attaqué et tué des citoyens du Darfour», a-t-il déclaré, selon des extraits d'une interview à la chaîne de télévision BBC World Service publiés mardi sur le site internet du groupe britannique.

La Cour pénale internationale (CPI) a émis le 4 mars un mandat d'arrêt contre Omar el-Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour.

Le président soudanais, qui a défié cette décision par une série de déplacements en Afrique, a qualifié ces accusations de propagande occidentale.

«Ce que que l'on a rapporté (comme étant survenu) au Darfour n'a en fait pas eu lieu du tout (...) Nous n'avons jamais combattu nos citoyens, nous n'avons pas tué nos citoyens», a-t-il déclaré.

«Ce qui s'est produit au Darfour est une rébellion. L'Etat a la responsabilité de combattre les rebelles», a-t-il souligné.

Omar el-Béchir a affirmé que le nombre des victimes des combats au Darfour était «moins du dixième de ce qui a été rapporté».

«Toute déclaration sur des crimes commis au Darfour est une propagande hostile et coordonnée des médias pour noircir la réputation du gouvernement et fait partie d'une guerre ouverte contre notre gouvernement», a-t-il insisté.

Le président Béchir estime que le mandat de la CPI est un complot néo-colonial des Occidentaux destiné à prendre le contrôle du Soudan.

Dans son mandat d'arrêt, la CPI souligne qu'en tant que «président de l'Etat du Soudan et commandant en chef des Forces armées soudanaises», M. Béchir «avait le contrôle total» de l'armée, de la police et des milices janjawid qui s'en prennent aux civils au Darfour, dans un conflit qui a fait 300.000 morts et 2,7 millions de déplacés depuis 2003, selon l'ONU.