La marine indienne a annoncé mercredi avoir détruit un vaisseau d'où les pirates somaliens lancent leurs vedettes à l'abordage des bateaux naviguant au large de la Somalie, portant un coup sévère aux bandits des mers qui ont cependant capturé trois nouveaux navires.

Les pirates ont également réclamé, sans surprise, une rançon pour relâcher leur prise la plus spectaculaire, le superpétrolier saoudien Sirius Star, capturé samedi et ancré devant un de leurs repaires, le petit port d'Harardere, à 300 km au nord de Mogadiscio.

Selon la marine indienne, une frégate indienne a «détruit» mardi soir un des des «bateaux-mère» des pirates. L'affrontement a eu lieu lorsque la frégate INS Tabar, déployée dans le golfe d'Aden dans le cadre de la lutte antipiraterie, a été la cible de tirs d'un «bateau-mère» pirate, avant de riposter.

«La frégate INS Tabar s'est approchée du navire et lui a demandé de s'arrêter. Mais après plusieurs sommations, les occupants du navire adverse ont menacé de faire exploser la frégate si celle-ci approchait», a raconté à l'AFP un porte-parole de la Marine indienne, Nirad Sinha.

Des pirates ont été vus marchant sur le pont du navire avec des armes automatiques et des lance-roquettes, a-t-il ajouté, précisant que la description du navire correspondait «à celle d'un "bateau-mère", tel que mentionné dans les rapports sur la piraterie».

Ces «bateaux-mère» sont des cargos transportant des vedettes rapides, utilisées par les pirates pour attaquer d'autres navires.

Selon un officier sous couvert de l'anonymat, «d'après ce que nous voyons sur les photos, le bateau pirate est totalement détruit».

L'Inde fait partie des nombreux pays à avoir dépêché des navires de guerre au large de la Somalie face au développement spectaculaire des actes de piraterie. Pour les pirates, la perte d'un de leurs «bateau-mère» est un coup sévère.

Selon des sources maritimes dans la région, ils disposeraient en effet de deux bateaux de ce type: l'un dans le golfe d'Aden, l'autre dans l'océan Indien, ce qui leur permet d'attaquer des navires très loin au large.

En dépit de ce revers, les pirates se sont emparés de trois nouveaux bateaux depuis la capture du Sirius Star.

Un chalutier thaïlandais, un cargo immatriculé à Hong-Kong et un vraquier grec ont été pris mardi dans le golfe d'Aden, a déclaré à l'AFP Andrew Mwangura, responsable de la branche kényane d'un programme d'assistance aux marins, basé dans la ville portuaire de Mombasa.

En revanche, les pirates ont libéré mercredi un autre bateau battant pavillon de Hong-Kong, le MV Great Creation, et ses 25 membres d'équipage, 24 Chinois et un Sri-Lankais, qui avaient été capturés il y a deux mois, a indiqué M. Mwangura.

Selon le Bureau maritime international (BMI), depuis janvier, 94 bateaux ont été attaqués par des pirates somaliens. 38 navires ont été saisis dont 17 sont toujours aux mains des pirates avec 250 membres d'équipage.

Parmi eux figurent 127 marins philippins, ont indiqué mercredi les autorités philippines.

«La situation est devenue incontrôlable», selon Noel Choong, directeur du Centre d'observation de la piraterie du BMI basé à Kuala Lumpur.

«Les Nations Unies et la communauté internationale doivent trouver la parade», a-t-il ajouté. Sans quoi, «en l'absence de dissuasion, avec des risques faibles et la perspective de gains élevés pour les pirates, les attaques vont continuer».

Dans un pays livré au chaos depuis le début d'une guerre civile en 1991, la piraterie est une activité très lucrative, grâce aux rançons.

Les pirates somaliens qui ont capturé le Sirius Star ont d'ailleurs annoncé avoir ouvert des négociations pour relâcher le bateau, chargé de deux millions de barils de brut, soit 300.000 tonnes de pétrole.

«Des négociateurs se trouvent à bord du navire et à terre. Lorsqu'ils auront donné leur accord à la rançon, celle-ci sera acheminée en espèces jusqu'au pétrolier», a déclaré à la télévision qatarie Al-Jazira un pirate, identifié comme Farah Abd Jameh.