Rebelles et armée congolaise se faisaient toujours face lundi dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où aucun affrontement majeur n'a été signalé depuis 24 heures et où des pays d'Afrique australe pourraient envoyer des troupes en soutien à Kinshasa.

La situation était relativement calme à la mi-journée dans la province du Nord-Kivu, où s'affrontent depuis fin août les rebelles de Laurent Nkunda d'un côté, et de l'autre l'armée et des groupes armés alliés.

Seul un «bref engagement de dix minutes entre les FARDC (Forces armées de RDC) et CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) a eu lieu dans la région de Kikuku», à environ 90 km au nord-ouest de Goma, la capitale du Nord-Kivu, selon le porte-parole militaire à Goma de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc), le major Yan Marchand.

Aucun combat n'a en revanche été signalé depuis dimanche à la mi-journée à Ngungu (60 km à l'ouet de Goma), où s'étaient affrontés, selon l'ONU, le CNDP à un groupe de miliciens pro-gouvernementaux Maï-Maï et de rebelles hutu rwandais, faisant au moins un mort civil.

Les rebelles hutu rwandais, qui sont opposés à l'actuel régime rwandais voisin, dominé par la minorité tutsi, ont «catégoriquement» démenti lundi être impliqués dans des combats dans l'est de la RDC, où ils opèrent depuis le génocide tutsi de 1994 au Rwanda.

Ils sont accusés par Laurent Nkunda, qui se présente notamment comme un défenseur des Tutsi congolais, d'être une menace pour sa communauté.

Dans la proche périphérie nord de Goma, ville d'un demi-million d'habitants, armée et CNDP étaient toujours séparés lundi par seulement quelques centaines de mètres, selon la Monuc, qui cherche à les faire reculer pour éviter une reprise des hostilités dans cette zone stratégique.

De vendredi à dimanche, «la Monuc a fait des missions de sensibilisation auprès des FARDC et du CNDP. On voudrait qu'ils se retirent sur des positions qu'ils occupaient fin octobre», a expliqué le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich, porte-parole militaire de la Monuc.

«Il faut séparer les forces car une seule provocation peut déclencher des combats», comme vendredi à Kibati (12 km au nord de Goma), a-t-il ajouté, reconnaissant pour l'instant que la médiation de la Monuc n'avait pas obtenu de «résultat concret».

La Monuc, qui est déployée depuis 2003 en RDC, est la plus importante mission de paix de l'ONU dans le monde, avec environ 17 000 soldats. Elle est accusée par la population de passivité dans le conflit, qui menace de se transformer en guerre régionale.

L'Afrique australe s'est en effet dite prête dimanche à envoyer «si nécessaire» des troupes de maintien de la paix, sans préciser si elles interviendraient dans le cadre de la Monuc ou non.

De son côté, le gouvernement congolais n'a pas exclu l'engagement ultérieur de troupes angolaises aux côtés de l'armée régulière, alors que les spéculations vont bon train sur la présence actuelle de soldats angolais dans l'est de la RDC, aux portes du Rwanda.

De son côté, l'Union européenne s'est de nouveau dite lundi inquiète de la dégradation de la situation, mais ne prévoit pas l'envoi de troupes sur place.

Les affrontements de ces deux derniers mois, qui ont fait au moins 100 morts civils selon Human Rights Watch (HRW), ont jeté sur les routes environ 250.000 déplacés, qui vivent dans des conditions effroyables.

Plusieurs milliers d'entre eux dorment devant la base de la Monuc à Kiwanja (75 km au nord de Goma), où des «crimes de guerre» ont été commis la semaine dernière selon l'ONU. Lundi, le CNDP tentait de les convaincre de rentrer chez elles.

«Les gens qui ont été tués l'autre jour n'étaient pas des civils (...). Vous ne pouvez pas être un déplacé alors que vous vivez à 200 mètres de là. Vous devez rentrer chez vous», a lancé un représentant du CNDP à Kiwanja, Simpeze Panga.