Une agence égyptienne privée de télévision a été condamnée à une amende et la confiscation de son matériel pour avoir diffusé en avril des images d'émeutes, a affirmé dimanche son patron à l'AFP.

Le patron de Cairo News Company (CNC), Nadim Gohar a indiqué qu'un tribunal du Caire l'avait condamné pour un total de 150 000 livres (21 000 euros) et la confiscation de son matériel, arguant qu'il n'avait pas de permis de diffusion. M. Gohar, qui risquait jusqu'à cinq ans de prison, a annoncé qu'il ferait appel, estimant que ce verdict «qu'il n'accepte pas» le conduit à réduire considérablement son activité.

Le pouvoir s'était particulièrement ému de la diffusion d'images de manifestants de la cité ouvrière de Mahalla, dans le delta, déchirant lors d'émeutes le 6 avril dernier des posters du président Hosni Moubarak.

«C'est la raison de tout, j'ai été accusé à tort d'avoir diffusé ses images notamment reprise sur la chaîne satellitaire qatarie al-Jazira», a-t-il estimé, estimant avoir perdu près de 70% de son activité.

Le procès a été déclenché sur plainte déposée par l'organisme étatique Union de la radiotélévision égyptienne (URE) contre le CNC pour contravention à des lois audiovisuelles.

Les permis de diffusion sont actuellement suspendus pour les agences de télévision, officiellement dans l'attente d'une nouvelle loi clarifiant les attributions de l'URE et l'organisme de télécommunication publique.

«Nous allons faire appel. Nous nous attendons à six autres mois de procès mais d'ici la, je ne peux pas travailler», a-t-il ajouté. La CNC se limite à des tournages pour des chaînes internationales, en particulier françaises.

Des manifestations avaient dégénéré en avril en violents affrontements à Mahalla pendant deux jours, faisant trois morts, et plusieurs dizaines de blessés. 340 personnes avaient été arrêtées.