(Washington) Les ministres de la Défense américain et chinois se sont entretenus mardi pour la première fois en un an et demi, nouveau signe de la volonté des deux superpuissances de maintenir le dialogue malgré des tensions toujours fortes.

Cet échange survient au moment où les États-Unis cherchent à renforcer leurs alliances militaires avec d’autres pays de la région Asie-Pacifique afin de contrer l’influence croissante de la Chine.

Dans le même temps, Washington souhaite maintenir des lignes de communication ouvertes avec Pékin afin de prévenir une escalade des tensions.

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Dong Jun

Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin et son homologue chinois Dong Jun se sont entretenus par visioconférence, a indiqué le Pentagone.

« Les deux responsables ont discuté des relations de défense entre les États-Unis et la République populaire de Chine et des questions de sécurité régionale et mondiale », a précisé le porte-parole du Pentagone Pat Ryder dans un communiqué.

Lloyd Austin « a mis en avant l’importance de continuer à ouvrir les lignes de communication militaires » entre les deux puissances et a « réaffirmé que les États-Unis continueront de voler, naviguer et opérer en toute sécurité et de manière responsable, partout où le droit international le leur permet ».

Il a ensuite « souligné l’importance du respect de la liberté de navigation en haute mer garantie par le droit international, en particulier en mer de Chine méridionale ».

« Confiance »

Côté chinois, le ministre de la Défense Dong Jun a appelé à davantage de « confiance » entre les deux puissances, selon un communiqué de son ministère.

La Chine et les États-Unis « doivent considérer la paix comme étant la chose la plus précieuse » et « la stabilité comme le plus important », a-t-il souligné. « Le secteur militaire est crucial afin de […] stabiliser le développement des relations bilatérales et de prévenir les crises majeures ».

Dong Jun a cependant réaffirmé sa position vis-à-vis de Taïwan. La Chine voit l’île comme une de ses provinces, qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949.  

« La question de Taïwan est au cœur des intérêts fondamentaux de la Chine, et les intérêts fondamentaux de la Chine ne doivent pas être lésés », a mis en garde le ministre chinois.

Il a également appelé les États-Unis à respecter les prétentions de souveraineté de son pays en mer de Chine méridionale, où Pékin revendique une grande partie des îles et récifs et où les tensions sont montées récemment avec les Philippines.  

« Les États-Unis doivent reconnaître la position ferme de la Chine » et « prendre des mesures concrètes pour sauvegarder la paix régionale », a-t-il souligné.

Avertissement de Biden

Cet échange survient moins d’une semaine après un sommet inédit à Washington entre dirigeants américain, philippin et japonais, au cours duquel ils ont notamment condamné le comportement jugé « dangereux et agressif » de Pékin dans cette zone maritime stratégique.

Dans un avertissement clairement destiné à Pékin, le président américain Joe Biden s’y est engagé à défendre les Philippines en cas « d’attaque ».

Le dialogue sur la sécurité militaire entre les deux pays, convenue par Joe Biden et Xi Jinping lors d’une rencontre en novembre en Californie a récemment repris, avec une réunion de travail début avril entre représentants militaires américains et chinois à Hawaii.

Mais le dernier échange important du chef du Pentagone avec son homologue chinois remontait à novembre 2022, date à laquelle il avait rencontré le ministre de la Défense d’alors, Wei Fenghe, au Cambodge.

Pékin avait décidé de rompre les discussions militaires de haut niveau menées avec Washington après le séjour à Taïwan en 2022 de Nancy Pelosi, alors cheffe démocrate de la Chambre des représentants.  

La Chine et les États-Unis ont traversé une période de forte crispation début 2023, liée au survol du territoire américain par un ballon chinois.

Malgré un certain dégel, les tensions demeurent toujours fortes, qu’il s’agisse de rivalité technologique ou de Taïwan.  

Avant que les dirigeants américain et chinois ne s’accordent en novembre sur la reprise de discussions militaires, le ministre américain de la Défense avait mis en garde contre des accidents qui pourraient dégénérer en l’absence de communication entre les armées des deux pays.