(Washington) Le chef de la diplomatie britannique David Cameron a pressé mardi les États-Unis de débloquer une aide militaire massive à l’Ukraine, au lendemain d’un rare entretien avec Donald Trump.

Lors de sa visite à Washington, le chef du Foreign Office ne sera pas, en revanche, reçu par le « speaker » (président) républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, qui bloque l’adoption de cette enveloppe budgétaire au Congrès.

L’ancien premier ministre conservateur a été « en contact » avec M. Johnson mais une rencontre ne peut avoir lieu cette semaine pour des raisons d’incompatibilité d’agendas, selon des sources gouvernementales britanniques.

Arrivé la veille aux États-Unis, M. Cameron s’est rendu directement en Floride auprès de l’ancien président américain Donald Trump, avec lequel il a dîné dans sa résidence de Mar-a-Lago.

Il s’est refusé à détailler leurs conversations, arguant d’un rendez-vous « privé », tout en disant avoir discuté avec Donald Trump d’« une série de sujets géopolitiques importants », y compris « l’avenir de l’OTAN ».

« Parmi les sujets abordés figuraient les prochaines élections américaines et britanniques, les questions politiques spécifiques au Brexit, la nécessité pour les pays de l’OTAN de répondre à leurs besoins en matière de dépenses de défense, et la fin de la tuerie en Ukraine », selon un compte-rendu de l’entretien diffusé par l’entourage de M. Trump.

Le magnat républicain, qui brigue un second mandat face au président démocrate Joe Biden en novembre, avait provoqué une polémique en Europe lorsqu’il a menacé en février de ne plus garantir la protection des pays de l’OTAN face à la Russie si ceux-ci ne consacraient pas un budget suffisant à leur défense.

Il a ensuite assuré que ces propos étaient une manière de « négocier » et de mettre la pression sur les Européens.

« Impératif »

« En ce qui concerne ma rencontre avec le président Trump, elle était tout à fait conforme » aux précédents de ministres qui rencontrent des candidats de l’opposition à l’approche des élections, a affirmé David Cameron, interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse au côté de son homologue américain Antony Blinken.

« Ces rencontres sont donc tout à fait appropriées. Mais il s’agissait d’une réunion privée », a-t-il dit.

Le premier ministre hongrois Viktor Orban est le dernier dignitaire étranger à avoir rencontré l’ancien président en Floride.

La visite de M. Cameron survient alors qu’un programme d’assistance militaire et économique à Kyiv, d’un montant de 60 milliards de dollars, reste bloqué au Congrès américain, en raison de l’opposition d’élus républicains poussés par l’ancien président.

Le Sénat à majorité démocrate a déjà approuvé ce paquet d’aide mais le « speaker » Mike Johnson a refusé de le soumettre au vote.

Le Congrès américain a repris sa session parlementaire lundi après deux semaines de congés.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a averti que son pays perdrait la guerre si cette aide restait bloquée au Congrès, au moment où la Russie accroît sa pression dans l’est du pays.

M. Cameron devait continuer à plaider l’adoption de ce budget auprès d’élus du Congrès, mais sans voir Mike Johnson.

« Je viens ici sans aucune intention de faire la leçon à qui que ce soit », a assuré M. Cameron, disant « simplement être convaincu qu’il est profondément dans votre intérêt de débloquer cet argent ».

« Il y aura des gens à Téhéran, à Pyongyang, à Pékin, qui examineront comment nous soutenons nos alliés, comment nous les aidons, comment nous mettons fin à cette agression illégale et non provoquée, et qui se feront une idée sur notre niveau d’engagement », a-t-il encore fait valoir.

M. Blinken a, de son côté, jugé « impératif » que la Chambre des représentants agisse. « Nous souhaitons que ce texte soit présenté à la Chambre et qu’il soit voté le plus rapidement possible », a-t-il dit.

Les deux responsables ont également abordé la situation dans la bande de Gaza, plaidant en faveur d’une augmentation substantielle de l’aide humanitaire dans ce territoire palestinien assiégé par l’armée israélienne.

Londres a durci le ton face à Israël après la mort le 1er avril de sept humanitaires dont trois Britanniques, tués à Gaza par un drone israélien alors qu’ils livraient de la nourriture au territoire palestinien.

Mais en réponse aux appels dans son pays à suspendre la vente d’armes à Israël, M. Cameron a déclaré que la politique de Londres en matière de licences d’exportation resterait « inchangée » à ce stade.