(Genève) Des experts et anciens dirigeants mondiaux ont exhorté mardi les pays à s’entendre sur les moyens de combattre la prochaine pandémie, quatre ans jour pour jour après que l’OMS a décrété l’alerte maximale face à la COVID-19.

Depuis plus de deux ans, les pays, effarés par les ravages humains et économiques causés par la pandémie, tentent d’élaborer un accord pour éviter de commettre les mêmes erreurs dans la lutte contre la prochaine catastrophe sanitaire, voire même de la prévenir.  

Leur objectif était de finaliser l’accord avant la fin du mois de mai 2024.

Mais le chef de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est récemment montré pessimiste sur la capacité des pays à s’entendre, parce que le sentiment d’urgence suscité par la pandémie de COVID-19 s’estompe rapidement.

Elle a pourtant démontré que le monde n’était pas prêt à faire face à ce genre de situation et les experts s’accordent à dire qu’il y aura immanquablement d’autres pandémies.

Le temps presse, ont alerté mardi dans une lettre ouverte, des dizaines de personnalités, dont d’anciens chefs d’État et de gouvernement, ainsi que le groupe d’experts indépendants pour la préparation et la réponse aux pandémies.

Dirigé par l’ancienne première ministre néo-zélandaise Helen Clark et l’ex-présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf, ce panel d’experts avait recommandé dès mai 2021 l’élaboration d’un texte contraignant sur les pandémies.

« Il est possible d’éviter une nouvelle pandémie si nous agissons maintenant », soulignent les signataires de la lettre ouverte.

Les signataires de la lettre demandent que le futur traité garantisse que « tous les pays aient la capacité de détecter, d’alerter et de maîtriser les menaces de pandémie, ainsi que les outils et les moyens nécessaires pour protéger la santé et le bien-être économique et social des populations ».

« Il y a des signes inquiétants d’une impasse sur plusieurs questions », déplorent-ils.

Désinformation

Le processus d’élaboration d’un texte sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies avait été lancé en décembre 2021 à l’unanimité des 194 États membres de l’OMS.

Leur objectif était de conclure l’accord international lors de la prochaine Assemblée mondiale de la santé qui doit réunir l’ensemble des pays membres de l’OMS du 27 mai au 1er juin à Genève.

Mais des divergences persistent.

Les pays européens appellent à investir davantage dans la prévention des pandémies, tandis que l’Afrique réclame un meilleur accès aux savoir-faire, aux financements, ainsi qu’aux outils de lutte contre les pandémies, tels que les vaccins et les traitements.

Le chef de l’OMS a également expliqué la semaine dernière que les négociations avaient été ralenties par « un déferlement de fausses informations, de mensonges et de théories du complot ».

Les signataires de la lettre – parmi lesquels figurent l’ancien chef de l’ONU Ban Ki-moon, l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband et l’ancien président mexicain Ernesto Zedillo – demandent eux que toutes les régions aient un accès rapide aux outils de lutte contre les pandémies.

La pandémie de COVID-19 a montré que certains pays pauvres avaient dû attendre longtemps avant d’obtenir les premières doses de vaccins.

« Chaque région doit avoir les capacités de recherche, de développement, de fabrication et de distribution des outils permettant de sauver des vies, tels que les vaccins, les tests et les traitements », indiquent-ils.

Ils souhaitent aussi qu’il y ait un « financement durable de la préparation et de la réponse aux pandémies », et insistent sur la nécessité que les pays fassent preuve de transparence sur leurs engagements à travers la mise en place d’un système de surveillance indépendant.

Face à la pandémie de COVID-19, l’OMS avait déclaré une urgence de santé publique de portée internationale le 30 janvier 2020, son plus haut niveau d’alerte, levée le 5 mai 2023.  

Mais le virus de la COVID-19 sévit toujours. Plus de sept millions de décès ont été recensés officiellement à travers le monde depuis l’apparition de la maladie fin 2019 en Chine, mais l’OMS estime que ces chiffres sont largement sous-estimés.