(Washington) Les États-Unis ont récupéré mercredi leur soldat relâché par la Corée du Nord qui est en « bonne santé », au terme d’une intense séquence facilitée par la Chine, selon des responsables.

Pour autant, Washington ne voit aucune « percée » diplomatique avec Pyongyang malgré ce retour inopiné du soldat américain Travis King, dont la défection en juillet dernier avait inquiété les États-Unis au plus haut niveau.

Plus tôt, la Corée du Nord avait annoncé l’expulsion du soldat King qui était entré illégalement dans ce pays depuis le Sud, le 18 juillet. Les États-Unis étaient, au moins publiquement, sans nouvelles de lui depuis lors.

Il est « en route pour les États-Unis » après avoir transité par la base aérienne américaine d’Osan, en Corée du Sud, en provenance de la ville frontière de Dandong, en Chine, a indiqué le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.

Le soldat a traversé la frontière entre la Corée du Nord et la Chine où il a été accueilli par l’ambassadeur des États-Unis à Pékin, Nicholas Burns, a-t-on précisé de même source.

Une fois aux États-Unis, il rejoindra un centre médical de l’armée américaine au Texas (sud), selon un autre responsable américain, mais Washington s’est refusé à évoquer pour l’instant d’éventuelles poursuites contre le soldat.

Le gouvernement américain s’est empressé de remercier la diplomatie suédoise pour son rôle dans sa libération et la Chine pour avoir facilité son « transfert » via la frontière chinoise avec la Corée du Nord.

Pas de concession

Parlant à des journalistes, un haut responsable américain a assuré que « le soldat King apparaît être en bonne forme et de bonne humeur ».

À Washington, on s’était publiquement inquiété du traitement dont il pouvait faire l’objet en Corée du Nord.

« Je peux vous dire qu’il est très heureux d’être sur le chemin du retour chez lui », a-t-il ajouté sous couvert d’anonymat.

Interrogée pour savoir si Washington avait fait des concessions à Pyongyang, la même source a répondu, sur un ton catégorique : « Non, aucune ».

« On ne leur a rien donné. On n’a fait aucune concession en échange de son retour », a renchéri le porte-parole du département d’État qui a aussi tempéré les attentes d’une possible détente avec Pyongyang, sur le nucléaire par exemple.

« Je n’y verrais pas le signe d’une percée. Je pense qu’il s’agit d’un cas isolé », a déclaré Matthew Miller, tout en disant que les États-Unis restaient « ouverts à la diplomatie avec Pyongyang ».

Travis King devait rentrer aux États-Unis après avoir eu des ennuis avec la justice sud-coréenne, mais il a traversé la frontière avec le Nord le 18 juillet en se mêlant à un groupe de touristes qui visitait la zone démilitarisée séparant les deux Corées.

Soldat de deuxième classe, il sortait de prison en Corée du Sud après une rixe dans un bar et une altercation avec la police. Il devait retourner aux États-Unis pour faire face à des sanctions disciplinaires, mais a, de manière toujours non expliquée, fait faux bond aux autorités à l’aéroport international de Séoul.

En franchissant la frontière avec le Sud, Travis King a cherché à échapper « aux mauvais traitements et à la discrimination raciale dans l’armée américaine », avait affirmé l’agence nord-coréenne KCNA en août, confirmant que le soldat était détenu par Pyongyang.

L’incident risquait d’envenimer encore davantage les relations entre Washington et Pyongyang, d’autant que la Corée du Nord a, à de nombreuses reprises, détenu des Américains et les a utilisés comme monnaie d’échange.

Intense

Le scénario de sa sortie de Corée du Nord via la Chine apparaît digne d’un roman d’espionnage, tout comme celui de son entrée rocambolesque en Corée du Nord.

« On a appris ce mois-ci via la Suède que la Corée du Nord était prête à le libérer », a indiqué le haut responsable américain.

S’en est suivie une « intense séquence diplomatique », impliquant notamment la Suède qui gère les affaires consulaires américaines dans la capitale nord-coréenne, les États-Unis et la Corée du Nord n’entretenant plus de relation diplomatique.

La Chine, avec qui les États-Unis entretiennent des relations tendues malgré un récent rapprochement, a aussi joué un rôle dans le transfert lui-même, mais « rien d’autre », selon le responsable.

Les deux Corées sont techniquement toujours en guerre depuis 1953, car c’est un armistice et non un traité de paix qui a mis fin au conflit armé.  

Des fortifications pullulent à la frontière, mais seul un muret de béton sépare les deux pays au niveau de la zone de sécurité commune (JSA), qui reste moins difficile à traverser malgré la présence de soldats.

La Corée du Sud est un allié clé des États-Unis et accueille quelque 27 000 militaires américains sur son sol.