(Nations unies) L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont livrés jeudi à une passe d’armes devant le Conseil de sécurité de l’ONU à propos du Haut-Karabakh, tandis que plusieurs pays membres, dont la France, ont exigé de Bakou des « garanties tangibles » après son offensive éclair.

Invités à s’adresser au Conseil, réuni d’urgence à la demande de Paris, les ministres arménien et azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Ararat Mirzoyan et Djeyhoun Baïramov, se sont mutuellement accusés d’être responsables de la dégradation de la situation dans cette région disputée du Caucase du Sud.

Prenant la parole en premier, le ministre arménien a affirmé qu’il n’y avait pas « deux parties dans ce conflit, mais un agresseur et une victime », en accusant Bakou d’avoir lancé une offensive « injustifiée et planifiée » visant à « finaliser le nettoyage ethnique » au Haut-Karabakh.

Il a également accusé Bakou d’avoir mené des « bombardements intenses, sans discernement et d’utiliser de l’artillerie lourde, y compris le recours prohibé de bombes à sous-munitions ».

Selon le dernier bilan des séparatistes arméniens, l’offensive azerbaïdjanaise qui s’est achevée en 24 heures mercredi a fait au moins 200 morts et 400 blessés.

Son homologue azerbaïdjanais a dénoncé une « campagne de désinformation » d’Erevan, accusée d’« alimenter et de soutenir les séparatistes » au Haut-Karabakh, région qui est sous la souveraineté de Bakou, s’en prenant par ailleurs à un Conseil de sécurité « partial ».  

PHOTO BRYAN R. SMITH, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères Djeyhoun Baïramov (au centre)

La France, pour sa part, a exigé de l’Azerbaïdjan qu’il donne des « garanties tangibles » pour ramener la paix au Haut-Karabakh deux jours après l’offensive éclair de Bakou contre les séparatistes arméniens.

« Si l’Azerbaïdjan est réellement désireux de parvenir à une solution pacifique et négociée, il doit dès à présent fournir des garanties tangibles », a affirmé la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna.

Elle a appelé Bakou à « s’engager de bonne foi dans les discussions en excluant tout recours à la force […] et en acceptant que ce dialogue porte sur les droits et garanties de la population » du Haut-Karabakh.

Paris, tout comme Washington, a vivement condamné l’offensive éclair de l’Azerbaïdjan dans cette région disputée depuis des décennies avec l’Arménie. L’opération a abouti à une capitulation des séparatistes arméniens et à l’instauration d’un cessez-le-feu.

La Russie a dit jeudi avoir enregistré cinq violations de ce cessez-le-feu.

La ministre française a également exigé que Bakou « assure l’amnistie aux forces qui ont accepté le cessez-le-feu » et rétablisse « sans délai et sans condition la circulation par le corridor de Latchine » permettant l’entrée d’aide humanitaire.

« Il doit enfin accepter une présence internationale humanitaire. C’est indispensable alors que l’hiver approche », a-t-elle dit en ajoutant : « Sans ces garanties, il ne pourra pas y avoir de solution ».

« L’Azerbaïdjan a essayé de créer un fait accompli par la force », a déploré de son côté l’Allemande Annalena Baerbock, tandis que le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a appelé les deux parties « à reprendre les négociations sur tous les sujets encore en suspens en vue de conclure un traité de paix ».