Les centrales électriques tournent à plein régime aux États-Unis et en Chine, les principaux émetteurs de gaz à effet de serre au monde, s’efforçant de répondre à la demande de climatisation. Les incendies de forêt font rage dans le sud de l’Europe et au Canada, alors qu’il reste plus d’un mois de saison des incendies. Des orages explosifs, des moussons torrentielles et une chaleur extrême sèment la destruction et menacent des vies sur trois continents.

Et il n’y a guère de répit en vue, qu’il s’agisse des montagnes et des mégapoles d’Asie, des lacs et des rivières d’Europe ou des plaines, des forêts et des banlieues d’Amérique du Nord. À court terme, les météorologues prévoient une chaleur plus intense et des conditions météorologiques extrêmes au cours du prochain mois.

À long terme, selon les scientifiques, les changements climatiques rendent les vagues de chaleur plus chaudes, plus fréquentes et plus longues, les incendies de forêt plus importants et plus intenses. Ils affectent la qualité de l’air, les précipitations et les sécheresses, atteignent tous les coins du monde – et augmentent avec l’utilisation de combustibles fossiles par l’humain.

Danger en Europe

« La partie la plus difficile n’est pas terminée », a déclaré jeudi le premier ministre grec, Kyriákos Mitsotákis. Dans son pays, des incendies ont détruit des dizaines de maisons et des milliers d’hectares de forêts au cours de la semaine dernière, et les températures devraient atteindre 45 °C dimanche dans la région centrale de la Thessalie.

PHOTO PETROS GIANNAKOURIS, ASSOCIATED PRESS

Une touriste prend une photo devant le Parthénon, en Grèce, où on prévoit des températures de plus de 40 °C dans la région d’Athènes jusqu’à la fin du mois.

Un porte-parole des pompiers, Ioannis Artopios, a déclaré que la chaleur intensément sèche créait des conditions « encore plus difficiles » pour les pompiers grecs. Des conditions de sécheresse similaires ont alimenté la saison record des incendies au Canada, où plus de 10 millions d’hectares ont été brûlés.

Comme on s’attend à ce que la chaleur persiste, certaines régions du sud de l’Europe se préparent à la prochaine vague, même si les températures ont baissé – quoique légèrement – au cours des deux derniers jours.

PHOTO LOUIZA VRADI, REUTERS

Un homme se tient près d’une maison détruite par les flammes, à Mandra, en Grèce.

Les hôpitaux italiens ont signalé une augmentation des urgences liées à la chaleur alors que les températures s’approchent des 38 °C. Les syndicats, les fonctionnaires et les gens d’affaires se sont réunis pour discuter de la manière de protéger les travailleurs de la chaleur, qui crée des conditions dangereuses sur les chantiers de construction, sur les tarmacs et dans les rues de la ville.

Un chef d’entreprise a comparé l’impact de la chaleur sur les travailleurs à la pandémie de COVID-19 et a appelé à des « mesures extraordinaires » pour y faire face.

En Espagne, les autorités ont officiellement déclaré jeudi la fin de l’état d’urgence lié à la chaleur extrême. Toutefois, le service météorologique national a invité la population à ne pas « baisser la garde », étant donné que le risque d’incendies de forêt dans les conditions chaudes et sèches reste élevé dans une grande partie du pays.

Dans toute l’Europe, les températures caniculaires ont particulièrement touché les personnes âgées. Les pays du sud de l’Europe ont été rejoints par d’autres, jusqu’à la Belgique, qui ont mis en place des plans de lutte contre la chaleur, dont beaucoup visent à protéger les populations âgées.

La chaleur extrême peut être dangereuse pour tout le monde, mais les personnes âgées et les travailleurs en extérieur sont particulièrement exposés. Selon une étude récente, les vagues de chaleur qui ont frappé l’Europe l’année dernière pourraient avoir causé la mort de 61 000 personnes sur le continent.

Certains responsables de la santé dans le monde ont commencé à établir un lien entre les décès et les chaleurs extrêmes de cette année. La chaleur et l’humidité ont été particulièrement dévastatrices dans le nord du Mexique, où plus de 100 personnes sont mortes de causes liées à la chaleur cette année, selon les rapports du ministère fédéral de la Santé.

Chaleur étouffante malgré les pluies en Chine

En Asie, des températures extrêmement élevées ont accompagné une saison de la mousson intense qui a déjà fait plus de 100 victimes en Inde, en Corée du Sud et au Japon.

PHOTO INDRANIL MUKHERJEE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des écoliers marchent dans une rue inondée de Mumbai, en Inde.

En Inde, la chaleur intense a été remplacée par de fortes précipitations dans une grande partie du pays, en particulier dans les États himalayens de l’Uttarakhand et de l’Himachal Pradesh. Ces pluies diluviennes ont provoqué d’importants glissements de terrain et des crues soudaines, tuant au moins 130 personnes au cours des 26 derniers jours dans le nord de l’Inde.

Une grande partie de la Chine a continué à cuire vendredi, la vague de chaleur ayant battu des records dans tout le pays.

La région du Xinjiang, dans l’extrême ouest du pays, a été particulièrement touchée. Dimanche, dans une commune isolée du désert, les températures ont atteint 52 °C, battant ainsi le record de la température la plus élevée en Chine. Selon les médias officiels, certaines parties du Xinjiang devraient continuer à connaître des températures supérieures à 37 °C. Les autorités ont également déclaré qu’elles étaient en état d’alerte en cas d’intempéries, notamment d’éventuels incendies de forêt dans le nord de la région.

La fin du mois de juillet est historiquement la période la plus chaude de l’année dans le sud de la Chine, et les autorités ont prévenu que l’humidité élevée donnerait l’impression que les températures sont supérieures de près de 11 degrés à la réalité.

Le plus grand lac d’eau douce de Chine, le lac Poyang, est entré dans sa saison sèche jeudi, le début le plus précoce de la saison depuis le début des enregistrements dans les années 1950, selon les autorités de la province du Jiangxi. Celles-ci ont invoqué la chaleur persistante, ainsi que le manque de précipitations, pour expliquer la baisse alarmante du niveau de l’eau.

Dans le nord de la Chine, plusieurs villes, dont Pékin, ont battu le record du plus grand nombre de jours en un an où la température a dépassé 35 °C. Les averses qui ont commencé à tomber jeudi soir devraient enfin apporter un peu de répit.

PHOTO KIICHIRO SATO, ASSOCIATED PRESS

Plage bondée dans la préfecture de Shizuoka, au Japon

Mais les orages ont apporté leur lot d’inquiétudes, les autorités ayant mis en garde contre les risques d’inondations soudaines autour de la capitale. Il y a deux ans, le 20 juillet 2021, la ville de Zhengzhou, dans le centre de la Chine, a connu, selon les médias d’État, les plus fortes précipitations jamais enregistrées en une heure dans le pays, alors que des pluies diluviennes ont tué au moins 300 personnes.

Pannes

Les centrales électriques chinoises ont récemment battu leurs propres records de production d’électricité – en brûlant plus de charbon, un important facteur de réchauffement climatique, pour répondre à la demande d’énergie pour la climatisation. Les dirigeants chinois ont repoussé cette semaine l’offre des États-Unis de s’engager à prendre des mesures plus strictes pour lutter contre les changements climatiques.

La demande d’électricité a été similaire aux États-Unis, où plus d’un quart de la population a connu une chaleur dangereuse jeudi, selon une analyse du New York Times portant sur les données météorologiques et démographiques quotidiennes.

Jeudi en fin de journée, l’opérateur du réseau électrique californien a émis une alerte d’urgence invitant la population à économiser l’électricité, les températures élevées mettant le système à rude épreuve. À Phoenix, la température a dépassé 46 °C jeudi, prolongeant le record de 21 jours consécutifs avec des températures de 110 degrés ou plus.

De violentes tempêtes, en particulier dans le sud-est des États-Unis, ont encore mis à mal le réseau énergétique. Des centaines de milliers de personnes ont été privées d’électricité à la suite de violents orages qui ont endommagé des lignes électriques jeudi, privant 150 000 foyers d’électricité en Géorgie et dans l’ouest du Tennessee, et provoquant des pannes dans 52 000 foyers et entreprises.

Les prévisionnistes ont indiqué que la vague de chaleur actuelle devrait durer jusqu’au week-end dans le sud des États-Unis et le Sud-Est et jusqu’à la semaine prochaine dans le Sud-Ouest. Près de 80 millions d’Américains devraient être confrontés à des températures supérieures à 40 °C au cours des prochains jours, selon le National Weather Service.

Une autre agence américaine, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), a prévu des températures exceptionnellement élevées dans la majeure partie du pays le mois prochain, presque partout sauf dans le nord des Grandes Plaines. Jeudi, la NOAA a indiqué que le mois dernier avait été le mois de juin le plus chaud sur la planète depuis le début de l’enregistrement des températures mondiales en 1850.

Cet article a d’abord été publié dans le New York Times.

Lisez l’article (en anglais ; abonnement requis)