(Boston et New York) Les cinq passagers du submersible perdu depuis dimanche dans l’Atlantique Nord, près de l’épave du Titanic, sont morts dans l’« implosion catastrophique » du petit sous-marin de tourisme scientifique, ont annoncé jeudi les gardes-côtes américains et l’organisateur de l’expédition.

CE QU’IL FAUT SAVOIR

  • Le submersible Titan a commencé sa descente vers l’épave du Titanic dimanche, mais a perdu le contact moins de deux heures plus tard.
  • Les cinq personnes qui se trouvaient à bord sont mortes, selon l’entreprise OceanGate, organisatrice de l’expédition.
  • Mercredi, un avion de surveillance militaire canadien a « détecté des bruits sous-marins dans la zone de recherche ».
  • La zone de recherches en surface s’étend sur 20 000 kilomètres carrés.
  • Les recherches se font à environ 1450 km à l’est du cap Cod et à 640 km au sud-est de St. John’s à Terre-Neuve.
  • Un cadre d’OceanGate Experiences a été licencié en 2018 après avoir fait état de failles quant à la sécurité du sous-marin.
  • Le Wall Street Journal a révélé que la marine américaine avait détecté dès dimanche un signal indiquant la probable implosion du submersible.

« Nous estimons à présent que notre patron Stockton Rush, Shahzada Dawood et son fils Suleman, Hamish Harding et Paul-Henri Nargeolet sont malheureusement morts », a déploré dans un communiqué la société américaine OceanGate Expeditions, après quatre jours de recherche qui ont captivé aux États-Unis et à l’étranger.

« Le champ de débris » retrouvé par les robots de recherche près de l’épave mythique, par près de 4000 mètres de fonds, « est compatible avec une implosion catastrophique » du submersible, a déclaré, de son côté, le contre-amiral John Mauger des gardes-côtes américains, lors d’un point de presse à Boston, sur la côte nord-est des États-Unis.

Il a évoqué une « perte catastrophique » de pression à l’origine de l’accident.

PHOTO FORCES ARMÉES CANADIENNES, FOURNIE PAR REUTERS

CP-140 Aurora des Forces armées canadiennes survolant les lieux

À peine le dénouement de cette tragédie connu, le Wall Street Journal a révélé jeudi soir que la marine américaine avait détecté dès dimanche, peu après la perte de contact avec l’appareil, un signal indiquant la probable implosion du submersible.

Le patron d’OceanGate, l’Américain Stockton Rush, était à bord aux côtés d’un richissime homme d’affaires britannique, Hamish Harding (58 ans), de l’ancien plongeur et militaire de la marine française Paul-Henri Nargeolet (77 ans) – surnommé « M. Titanic » –, et du magnat pakistanais Shahzada Dawood (48 ans) et de son fils Suleman (19 ans) – tous deux étant aussi Britanniques.

« Véritables explorateurs »

PHOTO OCEANGATE EXPEDITIONS, FOURNIE PAR REUTERS

Le submersible Titan

« Ces hommes étaient de véritables explorateurs qui partageaient un esprit d’aventure et une passion profonde pour l’exploration et la protection des océans de la planète », a salué OceanGate, disant « pleurer la perte de vies humaines ».

Les gardes-côtes américains, à la tête d’une équipe de recherche internationale, avaient annoncé à la mi-journée sur Twitter qu’un « champ de débris » avait été localisé par un robot sous-marin téléguidé dans la « zone de recherche près du Titanic », le célébrissime transatlantique qui avait sombré il y a 111 ans au large des États-Unis et du Canada.

Le contre-amiral américain Mauger a présenté ses « sincères condoléances » aux familles des disparus.

Du côté de Londres, qui a perdu trois ressortissants, le ministre des Affaires étrangères James Cleverly a déploré sur Twitter la « tragique nouvelle » et exprimé aux familles le « soutien » et les « profondes condoléances » de son gouvernement.

Islamabad s’est dit « sensible aux efforts internationaux pour rechercher » le submersible et ses cinq occupants, dont un père et son fils pakistanais.

Surveillance à l’aide d’avions C-130 ou CP-140 Aurora, navires dotés de robots sous-marins : les États-Unis et le Canada avaient encore déployé jeudi matin des moyens en Atlantique Nord, au large des deux pays, où est stationné le Polar Prince, le navire duquel était parti dimanche le petit sous-marin de tourisme.

La zone de recherches en surface s’étendait sur 20 000 kilomètres carrés.

Paris y avait dépêché l’Atalante, navire de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), doté d’un robot capable de plonger jusqu’à l’épave du Titanic.

Négligences potentielles

Le Titan, faisant environ 6,5 m de long, avait plongé dimanche et devait refaire surface sept heures plus tard, mais le contact avait été perdu moins de deux heures après son départ. L’engin disposait d’une autonomie théorique de 96 heures d’oxygène.

Mercredi, pourtant, il y avait encore de l’espoir.

Des avions CP-140 Aurora canadiens avaient détecté des bruits sous l’eau, mais leur origine n’avait a priori aucun lien avec le submersible.

Au fil des recherches cette semaine, des informations mettant en cause OceanGate ont été dévoilées sur de possibles négligences techniques de l’appareil de tourisme sous-marin.

Une plainte au civil aux États-Unis en 2018 montre qu’un ex-dirigeant de la compagnie, David Lochridge, avait été licencié après avoir émis de sérieux doutes sur la sûreté du submersible.

Selon cet ancien directeur des opérations marines, un grand hublot à l’avant de l’appareil avait été conçu pour résister à la pression subie à 1300 m de profondeur, et non à 4000 m.

Pour 250 000 $ la place, les passagers s’étaient engagés dans une exploration des restes de ce qui fut l’une des plus grandes catastrophes maritimes du XXe siècle, près de 1500 morts en avril 1912.

Depuis la découverte de l’épave en 1985, scientifiques, chercheurs de trésors et riches touristes lui rendent visite, entretenant ainsi le mythe.