(Washington) Moscou voulait faire libérer un Russe, détenu en Allemagne pour le meurtre d’un opposant tchétchène, dans le cadre des négociations avec Washington ayant abouti à la libération de l’Américaine Brittney Griner, a déclaré dimanche un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby.

« Ils semblaient vouloir un homme, nommé M. Krasikov, qui est détenu en Allemagne », a-t-il affirmé lors d’une interview avec la chaîne ABC.

« C’est un assassin » et l’offre n’avait pas été considérée « sérieuse », a-t-il poursuivi. Cet homme n’étant pas détenu sur le sol américain, « comment pourrions-nous nous impliquer », a ajouté John Kirby.

Vadim Krasikov avait été condamné l’an dernier à la réclusion à perpétuité pour le meurtre dans un parc de Berlin d’un opposant tchétchène qui, selon la justice allemande, avait été commandité par Moscou.

La Russie avait posé la libération de M. Krasikov comme condition à celle d’un autre Américain détenu en Russie depuis quatre ans, l’ancien militaire Paul Whelan, ont déclaré cette semaine des responsables américains à la chaîne CNN, sous le couvert d’anonymat.

Brittney Griner, vedette américaine du basket emprisonnée en Russie depuis des mois, a finalement été échangée jeudi contre le marchand d’armes russe Viktor Bout, détenu depuis dix ans aux États-Unis.

Mais Paul Whelan est resté derrière les barreaux, suscitant des critiques contre les autorités américaines. Lui-même s’est dit « fortement déçu ».

Moscou abordait son cas de façon « totalement distincte » à cause « des fausses accusations d’espionnage retenues contre lui », a rétorqué John Kirby.

Les négociateurs américains ont compris « la semaine dernière » qu’il n’y avait « aucune chance » de parvenir à faire libérer Paul Whelan en même temps que Brittney Griner, a-t-il poursuivi, assurant que les États-Unis poursuivaient leurs efforts.

« Nous avons un dialogue en cours et ouvert avec les Russes », a renchéri dimanche Roger Carstens, émissaire américain pour la libération des otages, sur CNN.

Il a assuré avoir parlé à Paul Whelan vendredi, lui promettant que l’administration Biden le « ramènerait à la maison ».

Roger Carstens, présent lors de l’échange entre Brittney Griner et Vitkor Bout aux Émirats arabes unis, a relaté ses premiers instants de liberté dans l’avion qui la ramenait chez elle.

Pensant que la basketteuse avait besoin de « décompresser », il avait proposé de la laisser seule. « Et elle a dit : “Oh non, j’ai été en prison depuis dix mois à entendre parler russe. Je veux parler.” »

« Ensuite, sur un vol qui a duré 18 heures, elle a probablement passé 12 heures à parler », a-t-il raconté.

Sur les images de l’échange, Brittney Griner était apparue cheveux ras, sans ses longues dreadlocks habituelles. Une coupe qu’elle avait choisie pour des raisons pratiques, le froid mordant étant trop difficile à supporter quand elle les lavait, selon une de ses avocates.