(Mexico) Les États-Unis ont invité lundi le Mexique à rejoindre leur grand projet à 50 milliards de dollars pour soutenir la production de microprocesseurs en Amérique du Nord face à l’Asie.

En visite-éclair à Mexico, le secrétaire d’État Antony Blinken a invité le gouvernement mexicain à tirer profit du « Chips Act and science ». Cette loi récemment signée par le président Joe Biden prévoit de gros investissements pour faire face à la concurrence de l’Asie en matière de microprocesseurs. La diplomatie américaine s’est activement saisie de cette thématique auprès de ses partenaires.

M. Blinken a indiqué que l’objectif était de « développer une chaîne d’approvisionnement bien plus résiliente » face à la domination des pays asiatiques.

« Des éléments essentiels de la chaîne de production des semi-conducteurs sont déjà bien installés au Mexique », a-t-il déclaré en citant le nom de l’entreprise Intel.

Le Mexique prend les États-Unis « au mot », a déclaré le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard lors d’une conférence commune. « Cela signifie plus d’emplois pour le Mexique », a-t-il espéré à l’issue d’une réunion du « dialogue économique de haut niveau » entre les deux pays.

Aucun détail concret n’a été donné sur de possibles investissements américains au Mexique dans le secteur des microprocesseurs.

La proposition a été faite au président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador.

Elle permet aux deux pays de dépasser leur contentieux sur la réforme énergétique lancée par le Mexique.

En juillet, les États-Unis, rejoints par le Canada, ont dénoncé cette réforme dans le cadre du traité de libre-échange entre les trois pays.

Washington estime que la volonté du président Lopez Obrador de renforcer les entreprises publiques mexicaines menace les investissements étrangers et les énergies renouvelables.

M. Blinken a rappelé que cette question serait réglée dans le cadre du traité et de son mécanisme de résolution des conflits.

Ces discussions font partie de « n’importe quelle relation commerciale, même entre partenaires les plus proches », a-t-il relativisé.

La question n’a été que brièvement abordée lors de la rencontre de M. Blinken avec le président mexicain, a assuré le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard.

La « menace » du fentanyl

Arrivé à la mi-journée à Mexico, l’émissaire de Joe Biden a évoqué « la menace partagée de la production et du trafic de fentanyl », une drogue de synthèse qui fait des ravages aux États-Unis, lors de ses rencontres séparées avec MM. Lopez Obrador et Ebrard.

M. Blinken et le président mexicain ont également parlé d’une migration « sécurisée, ordonnée, à visage humain », et de « leurs efforts conjoints pour lutter contre la crise climatique et les énergies renouvelables ».

M. Blinken a aussi évoqué « les efforts régionaux pour soutenir les Haïtiens » et la coopération du Mexique et des États-Unis pour rendre les Nations unies plus « efficaces », selon le Département d’État.

Le Mexique est le deuxième partenaire commercial des États-Unis avec quelque 725 milliards de dollars d’échanges en 2021, selon des chiffres officiels.

M. Lopez Obrador a rencontré M. Biden en août à Washington après avoir snobé en juin le Sommet des Amériques à Los Angeles au motif que Cuba, le Venezuela et le Nicaragua n’avaient pas été invités. Les deux pays vont célébrer en fin d’année le bicentenaire de leurs relations bilatérales.