(Londres) Le premier ministre britannique Boris Johnson s’est joint mardi à des anciens combattants pour célébrer « l’immense effort national » ayant permis de « libérer » il y a 40 ans les Malouines, archipel de l’Atlantique Sud sous contrôle britannique, à l’issue d’une guerre éclair avec l’Argentine.  

« Vous avez été le fer de lance d’un immense effort national, par lequel notre pays a envoyé une force opérationnelle dans l’Atlantique Sud pour libérer un territoire britannique de l’occupation »,  a déclaré mardi à d’anciens combattants le premier ministre Boris Johnson.

« Et, plus important encore, pour faire valoir le principe selon lequel le peuple des îles Malouines – comme tous les peuples du monde – a le droit de décider de son propre avenir et de vivre en paix sur sa propre terre », a encore dit M. Johnson lors d’une cérémonie organisée par la Royal British Legion.

La cérémonie, retransmise en direct sur l’internet, avait lieu sur le site du National Memorial Arboretum, dans le centre de l’Angleterre, pour honorer les anciens combattants, les familles endeuillées ainsi que le personnel de soutien civil aux troupes britanniques. Elle se tenait parallèlement à celle prévue aux Malouines, dans la capitale Port Stanley.

Photo PABLO PORCIUNCULA BRUNE, Agence France-Presse

La guerre qui a opposé le Royaume-Uni et l’Argentine pendant 74 jours en 1982 à la suite de l’invasion du territoire le 2 avril a fait plus de 900 morts : 649 soldats argentins, 255 Britanniques et trois habitants de l’île.

Rien n’avait été organisé au Royaume-Uni ou dans les Malouines pour se rappeler le début de la guerre il y a deux mois, mais une série d’évènements sont organisés tout au long de l’année, notamment ce 14 juin. Ce jour où les forces argentines s’étaient rendues est célébré comme le « jour de la libération » dans l’archipel où il est férié.

La reddition avait été annoncée le jour même au Parlement par la première ministre Margaret Thatcher, qui avait déployé près de 30 000 militaires pour libérer l’archipel, sous contrôle britannique depuis 1833, mais toujours revendiqué par l’Argentine, qui l’avait hérité de l’Espagne à son indépendance en 1816 et y possédait une garnison en 1833 lorsque les Britanniques le prirent par la force.

Les troupes victorieuses avaient été accueillies à leur retour au Royaume-Uni par une marée d’Union Jacks, le drapeau national, ravivant le passé impérial du pays et permettant à la dirigeante conservatrice peu auparavant en difficulté d’être réélue haut la main en 1983.

Blessures

Quarante ans après, si pour l’Argentine la guerre des Malouines est vécue comme une blessure encore à vif, elle est présentée côté britannique comme une « libération » ayant permis d’offrir la prospérité à ce territoire de l’Atlantique Sud, situé à 400 kilomètres des côtes argentines et à presque 13 000 km de Londres.

En 2013, les électeurs de l’archipel s’étaient prononcés à la quasi-unanimité par référendum en faveur de la souveraineté britannique.

« Depuis la libération, les îles Malouines vivent et prospèrent dans la paix et la liberté », a affirmé Boris Johnson. « Aujourd’hui, elles abritent des personnes de 60 nationalités, constituent la porte d’entrée du Royaume-Uni dans l’Antarctique et offrent des possibilités vitales de conservation et de recherche scientifique, grâce à un partenariat fondé sur ce principe d’autodétermination. »

Mais chez les anciens combattants, les blessures sont encore vives.  

« Pour beaucoup de ceux qui ont combattu si loin de chez eux, les blessures physiques et mentales subies durant ce conflit les affectent tous les jours - pas seulement lors des anniversaires » du conflit, a indiqué l’association Help for Heroes qui leur vient en aide, déplorant le « manque de soutien adéquat en matière de santé mentale ».

Depuis 2020, l’archipel est totalement débarrassé des mines antipersonnel qui avaient été placées durant la guerre.