(Lyssytchansk) « Tous les jours quelque chose brûle » : à Lyssytchansk, ville voisine de Sievierodonetsk pilonnée depuis des semaines et où forces russes et ukrainiennes s’affrontent désormais dans des combats de rue, les habitants sont désormais eux aussi sous les bombardements constants.

De nombreux habitants de cette ville de 100 000 habitants, séparée de Sievierodonetsk par la rivière Donets, ont fui. Ne restent plus que des personnes âgées, les gens qui s’occupent d’elles ou ceux qui n’ont pas les moyens de partir ailleurs.  

« Tous les jours, il y a des bombardements, tous les jours quelque chose brûle », dit Iouri Krassnikov, retraité, assis sur un banc dans un quartier aux nombreux immeubles endommagés et pavillons calcinés. Non loin de là, le bâtiment d’un lycée technique est en proie à un violent incendie - des fenêtres s’échappent des flammes et de gros nuages de fumée noire.

« Il n’y a personne pour m’aider », dit cet homme de 70 ans, en tee-shirt bleu élimé, sa canne à ses côtés. « J’ai essayé d’aller voir les autorités municipales, mais il n’y a personne, tout le monde a déguerpi. Ils ont abandonné la population ! […] Où vais-je aller à 70 ans ? »

Serguiï Lipko, lui, fait visiter sa maison endommagée, dans un quartier tout proche de la rivière Donets, alors que des explosions retentissent aux alentours. Dans la chambre, une roquette s’est fichée au beau milieu du lit, sans exploser.  

Lui non plus n’a pas l’intention de partir, en dépit de la lente progression des forces russes qui désormais encerclent presque totalement Lyssytchansk et Sievierodonetsk, deux villes frappées de plein fouet par la désindustrialisation ces dernières années.  

« Où irions-nous ? »

Leur prise permettrait aux forces russes de revendiquer le contrôle de toute la région de Louhansk, qui avec celle de Donetsk compose le Donbass.  

« Dans notre pays, on doit travailler toute notre vie pour avoir un toit. C’est pour ça qu’on n’ira pas quelque part où on n’en aurait pas », dit-il. « Il y a beaucoup de gens dans notre ville qui ne sont pas partis, car ils ont travaillé toute leur vie pour avoir un appartement. »

Ivan Sossnine, 19 ans, est lui resté pour s’occuper de sa grand-mère infirme.

« Ici c’est chez nous. On ne connait pas autre chose, on a grandi ici. Où irions-nous ? Et nous n’avons pas assez d’argent pour séjourner longtemps ailleurs ».

Pourtant, Vadim Chvets, 62 ans, debout devant une épicerie aux rayons à moitié vides, s’efforce de garder le moral.

Il a réussi malgré tout à faire son potager cette saison, en utilisant l’eau d’un lac, le réseau de distribution d’eau ne fonctionnant plus. « Je n’ai pas idée de ce qui va se passer demain. Je ne sais pas comment nous vivrons. Mais naturellement, nous espérons que tout ira au mieux », dit-il.