Une « demande soutenue » vient notamment du secteur militaire

Bien qu’elle ait eu un effet dévastateur sur la situation économique et les revenus de la plupart des États de la planète, la pandémie de COVID-19 n’a pas empêché les ventes d’armes globales de continuer à augmenter.

Une nouvelle étude de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) indique que les 100 entreprises les plus importantes du secteur ont enregistré une hausse de 1,3 % de leurs ventes cumulées en 2020 par rapport à l’année précédente, atteignant 530 milliards de dollars américains.

La croissance continue observée depuis cinq ans s’est traduite par une augmentation de 17 %.

L’une des recherchistes responsables de l’étude, Alexandra Marksteiner, a indiqué lundi en entrevue que la hausse observée en 2020 découlait en partie du fait que la production et la vente d’armes s’inscrivent dans un « cycle de longue durée » qui rend le secteur moins sensible aux perturbations économiques.

La « demande soutenue » venant des États pour des biens et des services militaires, qui reflète des enveloppes budgétaires souvent adoptées avant le début de la pandémie, a aussi contribué à protéger les grandes firmes contre des contrecoups trop importants, note Mme Marksteiner.

La crise sanitaire a néanmoins fait sentir son effet puisque de nombreuses entreprises ont dû composer avec des problèmes dans leur chaîne d’approvisionnement et des retards en matière de livraison.

Le manufacturier français Thales a notamment rapporté une baisse de ses ventes d’armes de 5,8 % qui reflète, selon ses dirigeants, l’impact des mesures de confinement mises en place au printemps 2020.

Les États-Unis en tête

Les États-Unis demeurent le plus gros acteur en matière de ventes d’armes. Les cinq plus grandes entreprises dans ce domaine sont toutes américaines, et plus de 40 figurent dans la liste des 100 firmes les plus importantes colligées par le SIPRI.

Leurs ventes d’armes totalisaient 285 milliards de dollars américains en 2020 et représentaient près de 55 % des revenus totaux de l’ensemble des firmes recensées dans l’étude.

La plus grande entreprise des États-Unis, et de la planète, dans le domaine demeure Lockheed Martin, qui a enregistré une augmentation de ses ventes d’armes de près de 8 % en 2020 malgré la pandémie. Elle est suivie par Raytheon Technologies et Boeing.

L’étude du SIPRI relève que des géants technologiques comme Microsoft et Oracle – qui obtiennent traditionnellement la plus grande part de leurs revenus dans le secteur civil – cherchent à accroître leurs liens avec l’industrie militaire américaine et obtiennent des contrats de plus en plus importants à mesure que les besoins de l’armée en matière de télécommunications se compliquent. Aucun ne figure parmi les 100 plus importants vendeurs d’armes.

La Chine deuxième

La Chine est le deuxième pays en importance après les États-Unis dans ce secteur. Les cinq firmes nationales qui sont dans la liste du SIPRI ont enregistré en 2020 des ventes cumulées de 66,8 milliards de dollars américains qui représentent 13 % des revenus totaux colligés, loin derrière les États-Unis.

Mme Marksteiner note que la majeure partie des ventes chinoises visent à répondre aux besoins de Pékin, qui est engagé dans une phase accélérée de modernisation et d’expansion de ses capacités militaires.

La Chine est devenue plus présente sur le marché d’armes international, mais les ventes d’armes demeurent surtout à l’intérieur du pays.

Alexandra Marksteiner, recherchiste

La Grande-Bretagne, qui compte sept sociétés dans la liste élaborée par le SIPRI, arrive au troisième rang après les États-Unis et la Chine avec des ventes d’armes représentant 37,5 milliards de dollars américains.

Les ventes pour l’ensemble des firmes européennes considérées dans la liste, qui inclut aussi plusieurs entreprises françaises, allemandes et italiennes, sont de près de 110 milliards de dollars.

Et la Russie ?

La Russie, qui demeure un autre pays important en matière de ventes d’armes, a vu les ventes cumulées des neuf entreprises nationales figurant dans la liste de SIPRI s’établir à 26,4 milliards de dollars en 2020, après avoir atteint un sommet de 31,5 milliards de dollars en 2017.

Selon Mme Marksteiner, plusieurs d’entre elles ont enregistré des baisses importantes de revenus en 2020 qui reflètent la fin d’un programme majeur de modernisation des forces armées.

Le gouvernement russe pousse les entreprises du secteur à diversifier leurs produits pour être moins dépendantes des ventes d’armes de manière à ce qu’elles puissent continuer d’approvisionner l’État au besoin dans ce domaine sans risquer d’être fragilisées par une baisse des dépenses publiques.

Une seule firme canadienne, CAE, qui produit notamment des simulateurs de vol, figure dans la liste colligée par le SIPRI, au 99e rang.