(Rome) Les dirigeants des grandes économies du G20 ont entériné samedi à Rome la taxation minimale des multinationales, tandis qu’Européens et Américains y concluaient une trêve dans leur conflit sur l’acier. Mais les discussions traînent en longueur pour trouver un accord sur le climat.

Certains éléments du communiqué final sur le climat « sont toujours en cours de négociation », a indiqué samedi soir un haut responsable de la Maison-Blanche.

Même si des progrès peuvent encore être faits d’ici la fin de la réunion dimanche, certaines versions de travail du communiqué en cours de négociation font craindre aux ONG que le G20 n’aille pas beaucoup plus loin que les promesses déjà faites lors de l’accord de Paris, et ne s’engage pas sur un calendrier clair pour atteindre l’objectif de « zéro émission ».

Un résultat qui serait particulièrement décevant, alors que s’ouvre dimanche à Glasgow la COP26 sur le climat. Elle rassemblera un éventail de pays beaucoup plus large, mais le G20, qui comprend des pays développés comme les États-Unis et les membres de l’Union européenne, mais aussi les grandes économies émergentes comme la Chine, la Russie, le Brésil ou l’Inde, représente 80 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

« Nous ne devons pas laisser à ceux qui viendront après nous une planète en proie à des conflits, dont les ressources ont été gaspillées », a encore plaidé samedi soir le président italien Sergio Mattarella au dîner des dirigeants du G20.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRÉSIDENCE ITALIENNE, REUTERS

Sergio Mattarella, président de l’Italie, au dîner des dirigeants du G20, samedi soir

C’est à nous qu’il incombe de faire une percée décisive pour surmonter ces fardeaux [des changements climatiques]. Le moment est venu. Les yeux de milliards de personnes, de peuples entiers, sont braqués sur nous et sur les résultats que nous pouvons obtenir.

Sergio Mattarella, président de l’Italie

Plusieurs milliers de personnes ont d’ailleurs encore manifesté pour le climat samedi après-midi dans les rues de Rome.

Le président du Conseil européen Charles Michel avait reconnu plus tôt que la question était difficile notamment « pour certains pays dépendant du charbon ».

PHOTO YARA NARDI, REUTERS

Des manifestants commençaient à se rassembler samedi après-midi dans les rues de Rome.

Beaucoup de pays émergents, et notamment la Chine – dont le président Xi Jinping n’intervient à Rome que par visioconférence, comme son homologue russe Vladimir Poutine – dépendent encore énormément de cette énergie fossile très émettrice de CO2, notamment pour faire tourner leurs centrales électriques dans le contexte actuel de crise énergétique.

« Ce que nous espérons vraiment verrouiller, c’est un engagement du G20 à mettre fin au financement du charbon à l’international », a indiqué samedi soir le haut responsable américain, plaidant aussi pour « un discours positif sur la décarbonation […] du secteur de l’énergie » et un engagement de « davantage de pays » sur la réduction des émissions de méthane, autre grand gaz à effet de serre avec le carbone.

Feu vert à la taxe mondiale

Dans l’immédiat, les chefs d’État et de gouvernement ont donné l’ultime feu vert à une réforme de la fiscalité mondiale, qui prévoit notamment d’instaurer une taxation minimale de 15 % sur les multinationales, avec l’objectif d’une mise en œuvre à horizon 2023.

Cet « accord historique », selon les mots de la secrétaire au Trésor américaine Janet Yellen qui l’a annoncé samedi, sera formellement adopté dans le communiqué final du G20 dimanche.

PHOTO LUDOVIC MARIN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Emmanuel Macron, président de la République française. à Rome, samedi

Depuis quatre ans, je me bats pour mettre en œuvre une taxation internationale d’au moins 15 % pour les entreprises multinationales. Ce soir, nous y sommes !

Emmanuel Macron, président de la République française, sur Twitter

La chancelière allemande Angela Merkel a quant à elle salué « un grand succès » et « un signal clair d’équité ».

À Rome, la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo a dévoilé un autre accord « historique », cette fois-ci pour lever certains droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium qui empoisonnaient les relations commerciales entre Washington et Bruxelles depuis l’imposition de ces taxes par l’administration Trump. Cela doit permettre à « des quantités limitées d’importations européennes d’acier et d’aluminium d’entrer aux États-Unis en franchise de droits ».  

PHOTO YARA NARDI, REUTERS

Joe Biden, président des États-Unis, lors d’une séance photo au sommet du G20

Une trêve confirmée sur Twitter par le commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis, qui a précisé que l’accord serait formellement annoncé dimanche par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et le président américain Joe Biden.

Le président Biden prévoit aussi de rencontrer ce jour-là son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, sur fond de tensions entre ces deux alliés de l’OTAN, a annoncé samedi un responsable américain.

Emmanuel Macron discutera de son côté en tête-à-tête avec le premier ministre britannique Boris Johnson, qui s’est plaint samedi auprès de Mme von der Leyen des menaces « complètement injustifiées » de Paris à propos des licences de pêche en Manche post-Brexit.

Après une offensive diplomatique auprès de plusieurs dirigeants européens, le président argentin Alberto Fernández a pour sa part pu se féliciter samedi d’une « bonne réunion avec la directrice du FMI, Kristalina Georgieva, pour avancer dans les négociations » sur le rééchelonnement de la dette du pays sud-américain, qu’il dit aborder « avec fermeté ».