Joe Klein se fait l'apôtre de la légalisation de la marijuana dans la chronique qu'il signe dans le nouveau numéro de l'hebdomadaire Time. J'invite nos collaborateurs à traduire dans la section des commentaires les extraits les plus pertinents de cet article qui suit le refus de Barack Obama d'aborder sérieusement cette question lors de sa réunion publique en ligne. J'ajouterai vos traductions à ce début de billet.

Je cite un extrait de la traduction de laotzeu :

Je sais, je divague un peu. Mais à travers le tumulte de la crise économique, une conversation s'est tout doucement engagée sur le non-sens de nos lois sur les drogues. Elle est en cours dans certaines législatures d'État comme celle de New york, où la sévère loi Rockefeller sur les drogues est à la veille d'être réévaluée; dans d'autres États, de la Californie au Massachusetts, on commence à mettre en place diverses formes de décriminalisation de la marijuana. Cette discussion est déjà rendue sur le parquet du Congrès, où les sénateurs Jim Webb et Arlen Specter ont présenté un plan de réforme pénale majeure, qui affecterait directement les politiques de sentences liées à la drogue.

Il y a aussi quelques signes plutôt facétieux qui semblent indiquer que le vent commence à tourner. Il y a quelques semaines, la Maison-Blanche a décidé d'organiser un forum où le président répondrait à des questions soumises par le public; 92 000 personnes y ont participé et la plupart d'entre elles ont semblé être obsédées par la légalisation de la marijuana. Les deux questions les plus fréquentes au chapitre emplois verts et énergie, par exemple, avaient trait au cannabis. Le président a choisi d'ignorer ce déferlement d'intérêt - avec raison, je crois - disant y voir une cabale internet biaisée, et a rejeté la question de la légalisation d'un simple «non».

C'était là un rare exemple d'une réaction instinctive de la part de Barack Obama, sans prendre le temps de chercher une réponse plus élaborée à cette sérieuse question de politique. En fait, il n'a fait que prendre le traditionnel parcours de moindre résistance; une réponse inattendue aurait déclenché une véritable tempête médiatique et détourné l'attention de la bataille budgétaire et des plans de relance. De fait, le sort traditionnellement réservé aux politiciens qui osent considérer publiquement la légalisation de la marijuana est d'être chassés vers les ténèbres extérieurs. On suppose qu'un tel politicien passe son temps «gelé» et ne mérite pas d'être pris au sérieux. Des animateurs de talk-shows, ivrognes et accros aux médicaments, auraient vite fait de l'écorcher vif en onde. L'hypocrisie inhérente au discours américain sur les substances psychoactives est renversante.

Mais on soulève ici de grandes questions, des questions d'économie et de simple justice, particulièrement au chapitre des sentences. Comme le souligne Webb dans un article de première page du magazine Parade, les USA sont, de loin, le pays le plus «criminel» avec 5% de la population mondiale mais 25% de la population carcérale mondiale. Nous dépensons 68 milliards de dollars par année pour le système correctionnel, et le tiers des détenus sont enfermés pour des crimes sans violence reliés à la drogue. Nous dépensons environ 150 milliards de dollars par année en frais de police et de justice, et 47,5 % de toutes les arrestations sont reliées à la marijuana. C'est une somme d'argent énorme, non-féderal pour la plupart, et qui serait bien plus utile pour financer écoles et infrastructures, ou simplement remis aux citoyens.

En plus , il y a la manne potentielle de revenus issus de la taxation de la marijuana. On estime que la marijuana est la plus importante culture commerciale de la Californie, avec des revenus annuels approchant les 14 milliards de dollars. Rien qu'en Californie, une taxe de 10% sur la mari rapporterait donc 1,4 milliard de dollars. Et ce n'est probablement là qu'une fraction des revenus possibles; qu'on pense seulement à l'impact économique de milliers de nouveaux emplois en agriculture, emballage, marketing et publicité. Un véritable plan «marijuana» de relance économique.

Alors pourquoi pas?

(Illustration Time)