«Le président Obama est le premier président de l'histoire à faire ouvertement campagne pour sa réélection sur un programme de hausse d'impôts», a déclaré hier une porte-parole de Mitt Romney après un discours de Barack Obama en Floride au cours duquel il a plaidé pour la «règle Buffett» voulant que les contribuables gagnant plus d'un million de dollars par an acquittent un taux d'imposition de 30%.

Je ne suis pas sûr que cette porte-parole ait tort. Et c'est pourquoi la stratégie du président démocrate comporte un certain risque, ses adversaires se promettant notamment de le dépeindre comme un traditionnel tax and spend liberal, comme l'explique le New York Times dans cet article. Obama fait évidemment le pari que sa promotion de la «règle Buffett» continuera à jouir de l'appui exprimé par le public dans les sondages en faveur d'une plus grande justice fiscale.

Il espère également que l'idée d'une «contribution juste» face à l'impôt mettra sur la défensive le favori républicain dans la course à la Maison-Blanche, Mitt Romney, dont la fortune est estimée entre 190 et 250 millions de dollars. Le fondateur de Bain Capital a été assujetti à un taux d'imposition d'environ 15% en 2010 et 2011 malgré des revenus annuels supérieurs à 20 millions de dollars.

Parallèlement au discours du président, la Maison-Blanche a rendu publique une étude indiquant que les Américains figurant dans les 0,1% de revenus les plus élevés acquittent aujourd'hui des impôts représentant 26% de leurs revenus, contre 51% en 1960, alors que les membres de la classe moyenne ont vu leur taux d'imposition passer de 14 à 16% au cours de la même période.

À une époque de déficits abyssaux, Obama plaidera en outre pour la non reconduction des allégements fiscaux consentis par George W. Bush aux Américains gagnant 250 000$ et plus par an, ce qui générerait 800 milliards de dollars sur dix ans en nouveaux revenus fiscaux (comparativement à 50 milliards de dollars pour la règle Buffett).

Cette approche a cependant été critiquée hier par nulle autre que Bush, qui s'est permis un rare commentaire politique lors d'un discours à New York. «Si on augmente les impôts, on retire de l'argent de la poche des consommateurs», a-t-il dit, selon cette dépêche de l'AFP. Il a également souhaité que son nom ne soit plus utilisé pour parler des réductions d'impôts de 2001 et 2003.