Le cauchemar de l'establishment républicain s'est précisé hier soir lors du sixième débat entre les candidats à l'investiture du GOP pour la présidence. Dominés par Donald Trump et Ted Cruz, les échanges n'ont permis à aucun de leurs rivaux jugés plus acceptables par les bonzes du parti - Marco Rubio, Chris Christie, Jeb Bush ou John Kasich - d'ébranler les deux favoris des électeurs républicains selon les sondages ou de se démarquer eux-mêmes.

Tenu 48 heures après un discours sur l'état de l'Union marqué au coin de l'optimisme, le débat a également mis en relief la façon quasiment apocalyptique dont la plupart des aspirants républicains à la succession de Barack Obama décrivent la situation des États-Unis et du reste du monde. Or, les Américains n'ont pas l'habitude d'élire à la présidence des États-Unis des candidats dont les discours sont sombres ou pessimistes.

Certains, dont le New York Times, ont trouvé que Cruz avait complètement dominé le débat. C'est une opinion parmi d'autres. Chose certaine, Cruz et Trump ont mis fin à leur belle amitié en débattant de la question de l'éligibilité du sénateur du Texas et de sa déclaration récente sur les «valeurs de New York».

Disons que Cruz a eu le meilleur sur Trump sur la question de son éligibilité, à laquelle j'ai consacré hier ce billet.

«En septembre, mon ami Donald affirmait (...) que ce n'était pas un sujet. Depuis, la Constitution n'a pas changé, mais les chiffres des sondages eux ont évolué», a ironisé le sénateur né à Calgary, faisant allusion à sa remontée dans l'Iowa. «Selon certaines théories sur lesquelles Donald s'appuient (...) vous ne devez pas seulement être nés sur le sol américain, mais les deux parents doivent avoir vu le jour sur le sol américain. Selon cette théorie, non seulement j'aurais été disqualifié, mais Marco Rubio aussi, Bobby Jindal, et de manière intéressante Donald Trump aurait été disqualifié. Parce que la mère de Donald est né en Écosse. Elle a été naturalisée.»

Trump a cependant eu le dessus sur Cruz sur la question des «valeurs de New York», un sujet que le sénateur du Texas avait évoqué il y a deux jours pour dénigrer Trump. «Tout le monde sait que les valeurs de New York sont social-libérales, pro-avortement et pro-mariage gai», a-t-il déclaré hier. Trump a trouvé les critiques de Cruz «particulièrement insultantes» pour les habitants de sa ville, surtout pour ceux qui ont fait face avec bravoure aux attentats du 11 septembre 2001. Même Cruz l'a applaudi.

Et Marco Rubio, l'espoir d'un bon nombre de bonzes républicains? Il a formulé ses interventions - des extraits de son discours habituel, essentiellement - sur un ton plus agressif que d'habitude, mais il s'est fait remettre à sa place à deux reprises par Chris Christie. Ce dernier a néanmoins eu du mal à sortir du lot, tout comme Bush et Kasich au cours d'un débat où les candidats ont abordé plusieurs sujets, dont la lutte contre le groupe État islamique, les échanges commerciaux avec la Chine, l'immigration et les innombrables erreurs de Barack Obama et d'Hillary Clinton.

Peut-on penser à un scénario où Rubio, Christie, Bush ou Kasich puissent devenir la solution de rechange à Trump ou Cruz? L'establishment républicain aurait intérêt à se préparer pour