Shahram Amiri, un scientifique nucléaire iranien, a séjourné 14 mois aux États-Unis, de 2009 à 2010, alors qu'il avait 32 ans. Il a fait défection et décidé de collaborer avec la CIA sur le programme nucléaire iranien, selon plusieurs médias américains.

Père d'un jeune garçon, Amiri a cependant décidé de rentrer en Iran (après que sa famille a fait l'objet de pressions et de menaces, selon cet article du New York Times).

Amiri a eu droit à des retrouvailles joyeuses à son retour au pays, mais il a disparu peu après. Samedi, il a été exécuté pour espionnage, ont annoncé les autorités iraniennes. Et le sénateur républicain d'Arkansas Tom Cotton a été un des premiers de son camp à s'indigner du fait que la situation du scientifique iranien ait été évoquée dans des courriels qui ont transité par le serveur privé d'Hillary Clinton.

Le site de Matt Drudge a pris le relais en publiant cette manchette : «Un courriel de Clinton a-t-il mené à une exécution en Iran?»

Et il n'en fallait pas plus que Donald Trump reprenne à son compte hier soir cette insinuation sur son fil Twitter. «Plusieurs personnes disent que les Iraniens ont exécuté le scientifique à cause des courriels piratés de Clinton.»

Or, le chroniqueur du Washington Post Josh Rogin, qui a couvert la saga Amiri en 2010 pour Foreign Policy, est catégorique : «On ne peut établir aucun lien raisonnable entre les échanges entre le personnel de Clinton via courriels sur Amiri et son éventuelle exécution. Il n'y a aucune preuve que le serveur ait été piraté. Les Iraniens savaient tout au sujet d'Amiri avant même que les courriels aient été rendus publics... Ajoutez Shahram Amiri à la liste des morts auxquelles Donald Trump a mêlé de façon irresponsable Hillary Clinton.»