Il a ri. Le 11 septembre 2013, après avoir été informé des énormes bouchons de circulation causés par la fermeture de deux voies donnant accès au George Washington Bridge (GWB), le pont le plus achalandé des États-Unis, Chris Christie a ri en compagnie de deux des responsables de cette fermeture orchestrée pour punir le maire démocrate de Fort Lee, qui avait refusé d'appuyer la réélection du gouverneur républicain du New Jersey.

C'est du moins ce qu'a raconté hier David Wildstein, un de ces responsables, lors d'un procès dont il est le témoin-vedette de l'accusation et qui vise deux de ses complices, Bridget Anne Kelly, ex-directrice adjointe de cabinet de Christie, et Bill Baroni, ex-proche de Christie au sein de l'Autorité portuaire de New York et du New Jersey. Les deux font face à des accusations de violation des droits civiques, collusion et escroquerie. Wildstein, un autre ancien allié de Christie au sein de l'Autorité portuaire, a déjà plaidé coupable.

«Est-ce que vous et M. Baroni vous êtes vantés [de la fermeture des voies]?», a demandé un procureur fédéral à Wildstein en faisant allusion à la conversation des deux hommes avec Christie, qui a eu lieu en marge d'une cérémonie en hommage aux victimes du 11-Septembre.

«Beaucoup, a répondu Wildstein. [Christie] était la seule et unique personne que nous servions. Je lui faisais plaisir. J'étais plutôt content qu'il était content.»

La fermeture des voies du GWB a duré deux autres journées après cette conversation.

Le gouverneur du New Jersey a nié de nouveau hier avoir été mis au courant de la fermeture des voies du GWB. Tout en s'appuyant sur le témoignage de Wildstein dans le procès de Kelly et Baroni, les procureurs fédéraux ont choisi de ne pas inculper Christie. Ils ont laissé entendre qu'il ne pouvait pas prouver hors de tout doute que le gouverneur avait participé à la planification ou à l'exécution du complot visant à punir le maire de Fort Lee.

Ils ont aussi indiqué que le fait d'avoir été mis au courant de l'exécution d'un tel complot ne constituait pas un crime fédéral.

Christie est aujourd'hui un allié de Donald Trump. Ce dernier l'a choisi en mai dernier pour diriger son équipe de transition, si le candidat républicain gagne l'élection présidentielle. Il lui a réitéré récemment son appui en dépit des allégations de Wildstein.

Trump a également confié un autre poste important à un allié de Christie éclaboussé par le Bridgegate. Il s'agit de Bill Stepien, ex-directeur de campagne du gouverneur du New Jersey, qui s'occupe aujourd'hui de l'organisation de la campagne de Trump dans les 50 États. Selon Wildstein, Stepien a également été mêlé au Bridgegate.

Lors de son témoignage d'hier, Wildstein a rappelé une conversation avec Kelly à propos de la réaction éventuelle de Christie au complot visant à punir le maire de Fort Lee: «Je me souviens de ce qu'elle a dit: 'Le gouverneur va aimer ça'.»