Changeons de sujet! C'est du moins le souhait le plus ardent de la Maison-Blanche, qui a devancé de 48 heures la nomination par Donald Trump d'un juge pour combler le siège vacant de la Cour suprême des États-Unis.

Le président et ses conseillers ne pouvaient guère trouver un meilleur sujet pour tenter d'éclipser la crise provoquée par le décret anti-immigration. Et ils se sont assurés de donner à cette nomination l'allure d'un concours présenté dans le cadre d'une émission de télé-réalité.

«J'ai pris une grande décision, une très grande décision relative à la Cour suprême des États-Unis et qui va être annoncée demain depuis la Maison-Blanche à 20h», a déclaré Trump hier.

Cet après-midi, on a en outre appris que deux «finalistes» seraient présents à Washington pour l'annonce, Neil Gorsuch, juge à la cour d'appel fédérale de Denver, et Thomas Hardiman, juge à la cour fédérale de Pittsburgh.

La rumeur veut que Gorsuch, un juriste très conservateur, sera nommé par Trump. Il s'est notamment fait connaître pour sa défense du droit des patrons d'entreprise privées de refuser, au nom de leurs convictions religieuses, l'application d'une disposition de l'Obamacare imposant aux employeurs de fournir aux femmes une couverture en matière de contraception.

Mais le vrai suspense tient à la stratégie qu'adopteront les sénateurs démocrates face au choix de Trump. Plusieurs d'entre eux ont soif de revanche, n'ayant toujours pas digéré le refus de la majorité républicaine du Sénat de tenir une audition ou un vote sur le juge Merrick Garland, nommé par Barack Obama pour remplacer le juge conservateur Antonin Scalia décédé en février dernier.

Ceux-ci sont prêts à utiliser le filibuster, une manoeuvre d'obstruction qui pourrait en principe bloquer la nomination de Trump pendant plusieurs mois. D'autres craignent que les républicains ne réagissent à ce blocage en éliminant tout simplement le filibuster.

Des démocrates estiment qu'il serait préférable d'attendre la nomination d'un autre juge avant de se lancer dans une telle bataille risquée. Ils font valoir que le premier choix de Trump ne changera pas l'équilibre idéologique qui prévalait à la Cour suprême avant la mort de Scalia. À leur avis, Gorsuch ne peut pas être plus conservateur que le juge décédé.

Mieux vaudrait donc, selon eux, attendre le départ d'un autre juge et la nomination de son remplaçant avant d'utiliser le filibuster.

Le hic, c'est que la base démocrate veut se battre, comme elle l'a démontré au cours des derniers jours en manifestant dans plusieurs villes américaines.