Qui a permis à Devin Nunes d'accéder sur le site de la Maison-Blanche mardi soir dernier? Et quelle est l'identité de la ou des sources qui lui ont communiqué des informations suggérant que des personnes dans l'entourage de Donald Trump ont pu être écoutées «fortuitement» par les services américains de renseignements?

Nunes, président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, refuse de répondre aux deux questions, tout comme le porte-parole de la Maison-Blanche Sean Spicer. Mais le New York Times répond à la deuxième aujourd'hui dans cette exclusivité toute chaude qui fait du bruit à Washington.

Selon le Times, Nunes a reçu les informations en question de deux responsables de la Maison-Blanche, à savoir Ezra Cohen-Watnick, directeur du renseignement au sein du Conseil de sécurité nationale, et Michael Ellis, avocat chargé de questions liées à la sécurité nationale au sein du Bureau juridique de la Maison-Blanche.

Cohen-Watnick, soit dit en passant, était un homme de confiance de Michael Flynn, ex-conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche. Le successeur de Flynn a voulu le congédier, mais la Maison-Blanche le lui a imposé.

Que signifie l'exclusivité du Times à laquelle Spicer n'a pas opposé de démenti cet après-midi lors de son point de presse quotidien? Il donne à croire très sérieusement que les hommes du président Trump ont orchestré l'épisode invraisemblable qui s'est produit le lendemain de la visite nocturne de Nunes à la Maison-Blanche. Le 22 mars, rappelons-le, Nunes a rencontré la presse avant de se précipiter à la Maison-Blanche pour «informer» le président de ces écoutes fortuites dont des membres de son entourage avaient pu faire l'objet entre son élection et son investiture.

Plus tard au cours de la même journée, Trump a déclaré qu'il se sentait «conforté» par les propos de Nunes, laissant entendre que ceux-ci confirmaient à peu près ses allégations selon lesquelles Barack Obama l'avait mis sur écoute.

Or, il est de plus en plus évident que Nunes n'a rien appris à Trump lorsqu'il s'est rendu à la Maison-Blanche pour lui communiquer des informations plus ou moins pertinentes qu'il n'avait pas partagées au préalable avec ses collègues de la commission du Renseignement de la Chambre.

Nunes, rappelons-le, préside une commission bipartite et indépendante qui enquête notamment sur l'ingérence de la Russie dans l'élection présidentielle de 2016 et sur des liens possibles entre des proches de Trump et des responsables russes. Tout indique aujourd'hui qu'il s'est prêté à une grande tentative de diversion destinée à reléguer dans l'ombre cette affaire russe qui hante l'administration Trump.

Comment peut-il encore rester à la tête de cette commission?