«S'assurer qu'Assad sait qu'il paiera le prix quand il commet de telles atrocités est la bonne chose à faire.»

«Les frappes de ce soir en Syrie semblent être une réponse proportionnée à l'utilisation d'armes chimiques par le régime.»

Ces déclarations n'ont pas été formulées par des républicains hier soir à la suite des frappes américaines contre la base aérienne de Shayrat. Elles viennent de Chuck Schumer et de Nancy Pelosi, chefs de file démocrates au Sénat et à la Chambre des représentants.

Elles illustrent l'unanimité presque totale qui a accueilli à Washington le message que Donald Trump a envoyé à Bachar al-Assad en guise de représailles à l'attaque à l'arme chimique imputée à l'armée syrienne contre la localité de Khan Cheikhoun. Certains parlementaires, dont le sénateur républicain du Kentucky Rand Paul et la représentante démocrate d'Hawaï Tulsi Gabbard, ont rappelé que les interventions militaires américaines au Moyen-Orient n'ont jamais produit de résultats positifs. Mais ils font partie, pour le moment, d'une infime minorité.

On verra évidemment si cette presque unanimité tiendra à la lumière du jour. En attendant, ont peut se demander quel impact auront ces frappes sur la stratégie américaine en Syrie. Il y a quelques jours à peine, le secrétaire d'État Rex Tillerson affirmait que le départ de Bachar al-Assad n'était pas une priorité pour l'administration Trump. Il a changé son discours sur cette question hier.

On peut aussi se demander quel impact auront ces frappes sur le rapprochement souhaité par Trump avec la Russie après des frappes qualifiées d'«agression» par Moscou. La semaine prochaine, Tillerson doit rencontrer Vladimir Poutine à Moscou. La Syrie dominera leurs discussions, comme l'explique le New York Times dans cette analyse dont je cite un extrait :

«Mais l'action en Syrie donne à l'administration Trump une occasion de demander à M. Poutine ou bien de contenir ou bien de déloger le leader de la Syrie, Bachar al-Assad, faute de quoi M. Trump étendra l'action militaire limitée des États-Unis - et rapidement.»

On devine évidemment le risque de l'engrenage militaire auquel Barack Obama a voulu soustraire les États-Unis en refusant de répliquer au massacre au gaz sarin d'un quartier rebelle de Damas en 2013.

En attendant, une chose est certaine : Donald Trump est heureux ce matin de pouvoir se draper dans le rôle du commandant en chef et de faire oublier ainsi le chaos qui avait marqué les 76 premiers jours de sa présidence. On se croise les doigts pour la suite.