Je roule entre Québec et Montréal lorsque les premiers échos de l'attaque au camion-bélier à Manhattan me parviennent. Je me mets aussitôt à l'écoute de la radio satellite, où CNN parle d'au moins six morts et de plusieurs blessés. Il s'agirait du premier attentat terroriste meurtrier à New York depuis le 11-Septembre 2001.

La chose se confirme rapidement. Lors d'un point de presse, le maire de New York, Bill de Blasio, qualifie l'attaque «d'acte de terrorisme» et établit un nouveau bilan : huit personnes ont été tuées lorsqu'un homme, au volant d'une camionnette louée chez Home Depot, s'est engagé en direction sud sur un trottoir et une piste cyclable de West Street, le long de l'Hudson River. Sa course folle a pris fin à deux pas de l'ancien site du World Trade Center. Je connais bien son parcours, l'ayant emprunté à plusieurs reprises avec mon fils lors de nos demi-tours de l'île à vélo.

Les médias identifient le suspect tout aussi rapidement. Il s'agit de Sayfullo Saipov, né en Ouzbékistan il y a 29 ans, établi depuis 2010 aux États-Unis, où il détient la résidence permanente. Il a été atteint par balle à l'abdomen par des policiers alors qu'il était sorti de sa camionnette en brandissant deux fausses armes à feu. Une note le liant au groupe État islamique a été retrouvée dans le véhicule.

«Nous ne pouvons permettre à l'EI de revenir, ou d'entrer dans notre pays après les avoir défaits au Moyen-Orient et ailleurs. C'est assez!», a tweetera plus tard Donald Trump.

Au moment d'écrire ces lignes l'EI n'avait pas encore revendiqué l'attaque dont ont notamment été victimes cinq touristes argentins venus à New York pour célébrer le 30e anniversaire de la fin de leurs études secondaires. Et un sentiment familier m'envahissait, mélange de tristesse pour les victimes, d'impuissance face à cette haine aveugle et de culpabilité de ne pas être sur place.

J'étais (je suis) au Québec pour faire la promotion d'un livre dont l'un des chapitre rappelle les attentats du 11 septembre 2001, journée que j'avais commencée à Montréal. Seule consolation : Greenwich Village a tenu hier soir son traditionnel défilé de l'Halloween, donnant à penser que New York ne se laissera pas intimider par cette nouvelle attaque.

Ajout : Au lendemain du premier attentat terroriste meurtrier à New York depuis le 11-Septembre, Donald Trump a attaqué dans une série de tweets partisans le sénateur Chuck Schumer et les démocrates pour leur rôle dans la création en 1990 d'une loterie permettant à environ 50 000 étrangers par année de recevoir la carte de résident permanent aux États-Unis. Le président a ainsi repris une critique formulée depuis hier par des sites de droite et reprise ce matin par Fox News.

Le suspect de l'attentat d'hier a obtenu une carte verte en 2010 par le biais de ce programme créé pour maintenir une certaine diversité parmi la population d'immigrés aux États-Unis. Le programme a été promulgué par un président républicain, George Bush père, après avoir été approuvée de façon bipartite par 89 sénateurs sur 100. Schumer et sept autres sénateurs démocrates et républicains ont tenté en vain de l'éliminer en 2013 dans le cadre d'une réforme de l'immigration.