La Chambre des représentants à majorité républicaine a adopté avec une grande rapidité et une relative facilité hier la plus importante réforme fiscale depuis 1986 aux États-Unis. Le Sénat devrait pour sa part tenir un vote sur sa propre version, différente en plusieurs points importants, après la fête de Thanksgiving.

Il est entendu que les républicains du Sénat auront plus de mal que ceux de la Chambre à assurer l'adoption de leur proposition, ne pouvant se permettre plus de deux défections (13 républicains ont voté contre la réforme de la Chambre). Or, le sénateur républicain du Wisconsin Ron Johnson a déjà annoncé son opposition au texte de loi actuel. L'appui de plusieurs de ses collègues, dont Susan Collins, Bob Corker et Jeff Flake, est par ailleurs loin d'être assuré.

Un des problèmes auquel les républicains du Sénat auront à faire face est illustré par une analyse de leur proposition réalisée par un organisme non partisan du Congrès, le Joint Committee on Taxation (JCT). Selon cette analyse, les foyers gagnant 30 000$ par année et moins verraient leurs impôts augmenter dès 2021 et ceux gagnant 75 000$ et moins en 2027, alors que les plus fortunés continueraient à jouir de baisses d'impôts cette année-là.

Les républicains, faut-il préciser, contestent l'analyse du JCT, qui repose en partie sur leur proposition d'éliminer l'obligation faite aux Américains de souscrire une assurance santé. Cette décision, selon le JCT, provoquerait une augmentation des primes qui conduirait les bas salariés à ne pas s'assurer et à perdre les subventions fédérales auxquelles ils ont droit.

Les républicains qualifient ce raisonnement de «ridicule» puisque, disent-ils, les subventions en question ne sont pas versées aux contribuables mais à leurs assureurs.

Les républicains ne semblent cependant pas nier le fait que plusieurs petits salariés se retrouveraient sans assurance santé après l'adoption de leur réforme fiscale. Le Bureau du budget du Congrès estime que 13 millions d'Américains se retrouveraient sans couverture en raison de cette réforme.

Comme on l'a déjà écrit, l'élimination de l'obligation faite aux Américains de souscrire à une assurance santé mènerait à des économies de 330 milliards de dollars sur dix ans nécessaires aux baisses d'impôts permanentes promises aux sociétés.