La pagaille dans les aéroports, des chefs de gouvernement coincés à l'étranger, une activité économique affectée... Un volcan islandais projette des cendres dans l'atmosphère et c'est tout le monde moderne qui se retrouve paralysé. Dans une société fondée sur la liberté de voyager loin et vite, la liste des conséquences -cocasses ou potentiellement graves- de l'arrêt du trafic aérien européen est longue.

Le blocage aura permis au Premier ministre norvégien de se familiariser avec l'iPad. Bloqué à New York, Jens Stoltenberg a pu donner ses instructions à ses ministres grâce à la tablette multimédia d'Apple qu'il venait juste d'acheter pendant une visite aux États-Unis.

Angela Merkel a, elle, fait un détour imprévu par le Portugal. L'avion qui ramenait la chancelière allemande à Berlin, après une visite aux États-Unis, a été dévié vers Lisbonne, à la suite de la fermeture de l'espace aérien allemand. Une fermeture qui a également empêché cinq soldats allemands blessés en Afghanistan, ainsi que leur ministre de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg, de rentrer directement chez eux. Ils devront d'abord passer par la Turquie.

La livraison des organes destinés à des greffes était, elle, ralentie. À la Fondation allemande pour la greffe d'organes, on expliquait que les organes habituellement transportés par avion étaient pour le moment distribués au niveau régional, en coordination avec l'organisation européenne Eurotransplant. «Les coeurs, les poumons et les foies, normalement transportés par air, sont pour le moment distribués par région et par des moyens de transports terrestres», expliquait Nadine Koerner, porte-parole de la Fondation.

En Pologne, l'incertitude planait sur la liste des chefs d'État et de gouvernement invités dimanche aux funérailles nationales du président Lech Kaczynski, tué le week-end dernier dans un accident d'avion en Russie. L'espace aérien polonais est lui aussi fermé depuis vendredi, sans qu'on sache s'il pourrait rouvrir à temps pour accueillir les personnalités attendues.

Les têtes couronnées, habituées aux voyages confortables, ont pour beaucoup d'entre elles dû annuler leur présence à la fête donnée en l'honneur du 70e anniversaire de la reine Margrethe du Danemark. À Madrid, les délégations irlandaise, belge, danoise et suédoise ont séché une réunion des ministres européens des Finances, incapables de trouver un avion ralliant la capitale espagnole.

La compagnie Iraqi Airways a, elle, été contrainte d'annuler le vol inaugural de sa nouvelle liaison Bagdad-Londres et de reporter la cérémonie célébrant le premier vol commercial entre les deux villes depuis 20 ans. Le vol, via Malmo, en Suède, était le premier depuis 1990 et les sanctions imposées par les Nations unies à l'Irak de Saddam Hussein.

À Paris, impossible de trouver une voiture de location disponible vendredi. Avec la fermeture des aéroports parisiens et la poursuite de la grève à la SNCF, les voyageurs français ont opté pour la route pour partir en week-end ou en vacances. Tous les trains grandes lignes au départ de Paris étaient complets vendredi soir.

Aux Pays-Bas, ce sont des fleurs, bloquées au Kenya et en Israël qui se faisaient attendre vendredi. «Les importations prévues aujourd'hui sont toujours coincées», expliquait Winny Paauw, de la société FloraHolland, précisant que l'industrie florale néerlandaise, qui brasse plusieurs milliards de dollars chaque année, n'avait pour le moment pas été réellement affectée par la situation.

Si la situation fait perdre au moins 200 millions de dollars (148 millions d'euros) par jour aux compagnies aériennes, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA), elle a déjà coûté plus de 5 000 dollars au comédien britannique John Cleese. L'ex-Monty Python a dépensé cette somme pour aller d'Oslo à Bruxelles... en taxi, dans l'espoir de pouvoir rallier samedi Londres.