Abdullah Abdullah, l'adversaire du chef de l'État sortant Hamid Karzai, prévoit d'appeler au boycott de l'élection présidentielle afghane du 7 novembre dans l'espoir d'imposer un report du scrutin au printemps prochain, a affirmé samedi son directeur de campagne, Satar Murad.

Hamid Karzai a rejeté les conditions posées par Abdullah Abdullah pour que l'élection ait lieu, notamment l'éviction de responsables électoraux accusés par ce dernier d'avoir été impliqués dans des fraudes au premier tour au mois d'août.

Abdullah doit s'exprimer dimanche matin à 10h lors d'une conférence de presse pour annoncer sa décision définitive. Selon des sources afghanes et occidentales, il pourrait se retirer du second tour. D'après son directeur de campagne, Satar Murad, le candidat pourrait encore changer d'avis, mais «à l'heure actuelle», Abdullah prévoit de lancer un appel au boycott lors d'une conférence de presse dimanche.

Selon Satar Murad, Abdullah va demander qu'un gouvernement par intérim dirige le pays jusqu'à ce qu'un nouveau scrutin soit organisé après la fin de l'hiver, afin que les autorités aient assez de temps pour organiser une élection équitable.

M. Abdullah, ancien ministre des Affaires étrangères du président Karzaï, exige notamment la suspension de plusieurs ministres et le remplacement d'Azizullah Lodin, président de la commission électorale indépendante nommée par le gouvernement, pour, dit-il, assurer la crédibilité du scrutin.

La loi électorale afghane prévoit l'annulation des bulletins portant le nom d'un candidat qui se serait retiré de la course, mais elle ne prévoit pas, et la Constitution non plus, le cas d'un candidat qui resterait officiellement en lice mais appellerait ses partisans à boycotter le scrutin.

Un porte-parole de la commission électorale afghane a quant à lui déclaré samedi qu'il était trop tard pour un retrait officiel d'Abdullah Abdullah. «L'élection aura lieu et toutes les procédures se dérouleront normalement», a assuré Noor Mohammad Noor.

Interrogée sur un éventuel boycott, la cheffe de la diplomatie américaine Hillary Rodham Clinton s'est voulue rassurante. «Je ne pense pas que cela ait quoi que ce soit à voir avec la légitimité des élections», a-t-elle commenté, «c'est un choix personnel qui sera fait ou pas».

Selon un responsable occidental informé des pourparlers, Abdullah Abdullah plaide par ailleurs pour un accord de partage du pouvoir sans deuxième tour, mais Hamid Karzaï a rejeté cette proposition, insistant pour que le second tour ait lieu avant un éventuel accord.

La diplomatie internationale se montrait favorable ces dernières semaines à un accord qui éviterait un second tour coûteux et dangereux, comme l'a rappelé l'attentat de mercredi à Kaboul, qui a fait onze morts, dont cinq employés des Nations unies et les trois assaillants.

Malgré la fraude massive et les bulletins invalidés, le président Karzaï est arrivé en tête du premier tour organisé le 20 août et tout suggère qu'il devrait remporter le second. Mais vu les conditions dans lesquelles elle se déroule, cette élection, la première organisée par les Afghans depuis le renversement du régime taliban fin 2001, n'aura pas atteint le but affiché de renforcer la crédibilité du gouvernement central.