La secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, s'apprête à parachever la normalisation des relations entre les États-Unis et la Libye en effectuant une visite historique la semaine prochaine à Tripoli, un voyage-symbole repoussé à plusieurs reprises.

Mme Rice, qui sera la première chef de diplomatie américaine à se rendre à Tripoli depuis plus d'un demi-siècle, effectuera ce voyage «la semaine prochaine», a indiqué à l'AFP un responsable américain ayant requis l'anonymat.

Il n'a pas précisé la date exacte de la venue de Mme Rice dans la capitale libyenne ni son agenda mais il est probable qu'elle rencontrera le leader libyen Mouammar Kadhafi, dont Washington veut faire un exemple auprès de l'Iran et de la Corée du Nord car il a renoncé aux armes de destruction massives au profit de la réconciliation avec l'Occident.

Il s'agira de la première visite en Libye d'un responsable américain de ce rang depuis plus de 50 ans, lorsque le secrétaire d'État John Dulles avait rencontré l'ancien roi Mohammed Idriss, en 1953.

Les relations entre Washington et Tripoli ont été rompues en 1981, en raison du soutien présumé de la Libye au terrorisme. Elles n'ont été rétablies qu'en en 2004, après l'annonce par M. Kadhafi que son pays renonçait à acquérir des armes de destruction massive.

En 2006, la Libye avait été retirée de la liste américaine des États soutenant le terrorisme et les deux pays ont depuis nommé des ambassadeurs mais les relations n'ont pas encore été complètement normalisées.

Mme Rice a fréquemment exprimé le désir de se rendre à Tripoli pour montrer à Téhéran et Pyongyang les bénéfices qu'ils engrangeraient s'ils renonçaient à leur programme nucléaire.

«La Libye est un modèle important au moment où des pays du monde entier pressent les régimes iranien et nord-coréen de changer de comportement», indiquait-elle en 2006. «Nous appelons l'Iran et la Corée du Nord à prendre des décisions stratégiques similaires, qui bénéficeraient à leur peuple».

Mais elle en a d'abord été empêchée par la longue détention en Libye de cinq infirmières et un médecin bulgares, accusés d'avoir inoculé le virus du sida à des centaines d'enfants.

L'administration américaine ne voulait pas paraître entériner cette détention qu'elle considérait comme arbitraire en effectuant une visite officielle à Tripoli.

Après la libération en juillet 2007 des infirmières bulgares, elle avait de nouveau évoqué la possibilité d'un déplacement en Libye. «J'attends avec impatience d'avoir une chance de me rendre en Libye», déclarait Mme Rice en décembre 2007. «Je pense que c'est important».

Mais le Congrès avait alerté le département d'État de la persistance d'un contentieux entre les familles des victimes des attentats de Lockerbie et Berlin et le gouvernement libyen.

L'attentat de Lockerbie, en Ecosse, avait fait 270 morts en 1988, et celui visant la discothèque berlinoise «La Belle», fréquentée par des soldats américains, trois morts et 260 blessés en 1986.

Ce contentieux a été résolu le 14 août, avec la signature à Tripoli par le secrétaire d'État adjoint chargé du Proche-Orient, David Welch, d'un accord de compensation des victimes de ces attentats.

Après la signature de cet accord, Mme Rice a de nouveau annoncé son intention de se rendre «bientôt» à Tripoli. «J'ai déjà dit que de toutes façons, j'espérais me rendre en Libye avant la fin du mandat» du président George W. Bush, fin janvier, a-t-elle indiqué.

M. Bush a nommé Gene Cretz, un ancien chef de mission à Damas et numéro deux de l'ambassade américaine à Tel Aviv, au poste d'ambassadeur à Tripoli. Mais cette nomination n'a toujours pas été confirmée par le Sénat.