Les pays riches du G8 ont confirmé mardi leurs promesses d'aide à l'Afrique, se donnant notamment cinq ans pour débloquer 60 milliards de dollars pour lutter contre le sida et la malaria, démentant d'insistantes rumeurs selon lesquelles ils allaient se dédire.

«Nous réitérons notre engagement à poursuivre les efforts, à travailler vers le but de fournir au moins 60 milliards de dollars sur cinq ans pour combattre les maladies infectieuses et renforcer la santé», ont indiqué dans un communiqué les chefs d'État et de gouvernement du G8, réunis à Toyako (Japon).

Cet engagement de verser 60 milliards de dollars (environ 38 milliards d'euros au taux actuel) pour lutter contre la malaria et le sida avait été pris par le G8 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) lors de son précédent sommet à Heiligendamm (Allemagne). Mais aucune date-butoir pour débloquer cet argent n'avait alors été fixée.

Le G8 a en outre confirmé son engagement pris au sommet de Gleneagles (Ecosse) en 2005 d'accroître de 25 milliards de dollars par an son aide au développement pour l'Afrique d'ici 2010, ce qui constituera un doublement par rapport à son niveau de 2004.

Les dirigeants des huit nations industrialisées sont convenus de ces mesures au cours d'un déjeuner de travail mardi à Toyako, au lendemain d'une rencontre avec leurs homologues de sept pays africains (Afrique du Sud, Algérie, Ethiopie, Ghana, Nigeria, Senegal, Tanzanie plus Union africaine), au cours de laquelle ils s'étaient retrouvés sous intense pression.

Les Africains craignaient que les pays riches ne reviennent sur leurs promesses de Gleneagles et de Heiligendamm, au moment même où la flambée des prix du pétrole et de l'alimentation rend leur situation encore plus difficile.

Ils soulignaient notamment que moins d'un quart des 25 milliards de dollars annuels supplémentaires promis par le G8 en 2005 avaient effectivement été débloqués. Des informations de presse avaient également fait état d'un possible abandon à Toyako de cet objectif de 25 milliards de dollars.

Selon une source proche de la négociation, la Grande-Bretagne poussait pour qu'une date-butoir soit fixée pour dépenser les 60 milliards de dollars destinés à la santé en Afrique mais d'autres pays, notamment le Canada, souhaitaient que le calendrier soit laissé dans le vague.

Dans leur communiqué de Toyako, les chefs d'État et de gouvernement du G8 se sont en outre engagés à fournir 100 millions de moustiquaires traitées à l'insecticide pour freiner la propagation de la malaria dans les pays pauvres.

Ils ont, en outre, estimé que leurs projets d'aide «devraient être réexaminés et pourraient devoir être accrus pour la période après 2010, au-delà de nos engagements actuels». Et ils ont accepté «d'établir un mécanisme de suivi pour surveiller nos progrès vers le respect de nos objectifs».

Les organisations non gouvernementales, qui exhortaient également le G8 à ne pas se défausser, ont poussé un soupir de soulagement.

«Les tentatives maladroites des dirigeants du G8 de faire marche arrière à propos de leurs promesses d'aide se sont retournées contre eux», s'est félicité Maw Lawson, porte-parole de la confédération d'ONG Oxfam International.

«Le monde prend ces promesses au sérieux, même si les dirigeants du G8 ne font pas de même», a-t-il ajouté.

«Ce ne sera qu'une fois que les 25 milliards pour l'Afrique auront été versés que nous aurons quelque chose à fêter», a cependant averti un autre responsable d'Oxfam, Charles Abani.