Raul Castro a semblé renoncer pour l'heure aux «changements structurels» promis l'an dernier pour Cuba, préférant, dans son adresse à la nation du 26 juillet, avertir ses compatriotes de l'arrivée prochaine de mauvaises nouvelles et se concentrer sur la rénovation des infrastructures du pays.

Sur le plan international, il n'a pas donné suite non plus à ses offres de dialogue avec Washington, avertissant au contraire que l'armée cubaine ne baisserait pas sa garde, même en cas d'élection en novembre du démocrate Barack Obama, favorable à une détente avec l'île communiste.

Dans son discours de samedi soir à Santiago, le successeur de Fidel Castro a déclaré aux Cubains qu'ils devaient «s'habituer à ne pas recevoir que des bonnes nouvelles», en raison de la flambée des cours mondiaux du pétrole et des denrées alimentaires.

Et ce, même si son gouvernement «continuera de faire tout ce qui est à sa portée pour continuer d'avancer et de réduire au maximum les conséquences inévitables sur la population de la crise internationale actuelle».

Un an après son discours de Camagüey, Raul Castro, 77 ans, n'est revenu sur aucun des «changements structurels et conceptuels» promis alors qu'il était encore président intérimaire et qui avaient suscité de grands espoirs dans la population.

Tout juste a-t-il évoqué, citant son frère aîné, «les erreurs liées à l'idéalisme que nous avons commises dans la gestion de l'économie» dans le passé et qu'il faut «savoir rectifier avec courage».

Mais «si grandes soient nos envies de résoudre chaque problème, nous ne pouvons dépenser plus que nous avons», a-t-il averti soulignant la nécessité «incontournable de faire des économies sur tout, et d'abord sur le combustible».

Les premières réactions de la population, recueillies dimanche, semblaient critiques: «J'espérais autre chose, des mesures, des changements, mais non, rien. Tout continue comme avant. Pour moi, il n'y a rien de neuf, rien de bon, vu que les choses vont empirer», a commenté Yolanda Fernandez, 43 ans.

«Il a dit que ça allait mal, mais que ça allait être pire. Mais c'est que les gens ne veulent pas travailler», a réagi José Soler, un gardien de parking.

L'économiste dissident Oscar Espinosa, libéré de prison en 2005, s'est déclaré «surpris de la fadeur» du discours présidentiel et, pour lui, «le secteur pur et dur a fait pression, il y a une tendance qui va s'imposer pour mettre un terme aux réformes (...). Ils sont parvenus à paralyser les changements».

«Rien n'a été dit des offres en direction de Barack Obama au contraire, on a parlé de guerre, d'efforts belliqueux», a-t-il relevé.

Pour autant, l'ancien ministre de la Défense a longuement détaillé les chantiers en cours, annonçant qu'il en contrôlerait «mois par mois le calendrier» d'exécution et sanctionnerait les responsables en cas d'échec, à propos notamment du «gigantesque investissement» dans la rénovation du système d'aqueducs dans le sud de l'île.

A côté d'importants projets dans l'exploitation du nickel, la production de ciment et les mines, la pétrochimie «occupe un place particulière», a-t-il dit, notamment dans les secteurs du raffinage, des engrais et des PVC.

Dans les transports, secteur parmi les plus mal en point, «la preuve a été faite qu'avec 30% des ressources actuelles, on peut faire le même travail», a-t-il affirmé.

Depuis l'officialisation de la succession en février, les principales mesures prises par Raul Castro ont été de distribuer les terres en friche aux petits exploitants privés, de repousser l'âge de la retraite, de déplafonner des salaires et de libérer l'accès aux téléphones portables et aux ordinateurs.