Q Qui sont les FARC?

R Nées d'une coalition de groupes paysans et communistes, les Forces armées révolutionnaires de Colombie mènent une guérilla qui déchire ce pays d'Amérique latine depuis 1964. À leur apogée, les FARC auraient compté entre 12 000 et 18 000 membres et auraient contrôlé plus du tiers du pays. Depuis le début des années 90, elles ont lancé une série d'actions violentes. Après des négociations infructueuses, en 2002, le gouvernement a lancé une offensive militaire qui se poursuit encore à ce jour.

Q Pourquoi des enlèvements?

R Les FARC sont soutenues par deux pays voisins de la Colombie, l'Équateur et le Venezuela, et se financent aussi par le vol de bétail, l'extorsion et la participation au commerce de la drogue. «C'est aussi un groupe qui a financé ses opérations avec des enlèvements et des demandes de rançons», explique François Gélineau, professeur au département de science politique de l'Université Laval. Au cours des dernières années, elles ont kidnappé des dizaines de propriétaires terriens, commerçants, politiciens, touristes, ainsi que des membres de leurs familles. L'argent des rançons sert à financer leurs opérations de combat.

Q Pourquoi Ingrid Betancourt a-t-elle été enlevée?

R Ingrid Betancourt était candidate à la présidence de la Colombie lorsqu'elle a été enlevée, le 23 février 2002. «C'était, pour les FARC, un enlèvement qui leur donnait une grande visibilité», estime François Gélineau. Puisqu'elle a acquis la citoyenneté française par mariage, son rapt a été médiatisé dans le monde entier. La pression internationale a finalement amené Bogota à mandater le président vénézuélien Hugo Chavez comme médiateur dans cette affaire, l'an dernier. Le président Nicolas Sarkozy s'est également impliqué dans le dossier à son arrivée au pouvoir en France.

Q Pourquoi a-t-elle été libérée?

R C'est une opération mixte de l'armée colombienne et des autorités françaises qui a permis la libération d'Ingrid Betancourt. Mais selon François Gélineau, ce dénouement pourrait aussi témoigner d'un épuisement des FARC, combattues depuis six ans par les forces gouvernementales. Depuis le début de l'année, elles ont perdu plusieurs de leurs hauts dirigeants. Le chef historique et fondateur, Manuel Marulanda Velez, a été emporté par une maladie. Trois mois plus tôt, son bras droit, Raul Reyes, a été assassiné en Équateur par l'armée colombienne. «En ce qui concerne l'importance politique, pour les FARC, c'est très important, dit-il. Ils perdent un pouvoir de négociation très grand.»