Début officiel jeudi à Venise de la course au Lion d'or, avec la présentation de deux films en compétition: Izmena, un Ovni russe sur l'adultère signé Kirill Serebrennikov, et Superstar, où Kad Merad incarne un quidam accablé par la célébrité.

Pour les accros de cinéma absents de Venise, dix longs métrages et 13 courts métrages présentés dans la section Horizons sont disponibles en streaming sur internet.

Superstar, ou l'insupportable poids de la célébrité

Premier film français en compétition, Superstar de Xavier Giannoli (l'auteur des Corps impatients) dresse le portrait d'un quidam qui devient célèbre du jour au lendemain sans en connaître la raison.

Interprété par Kad Merad, Martin, un banal employé dans une usine de recyclage en banlieue parisienne, se retrouve un beau matin dans le métro assailli de demandes d'autographes et mitraillé par des téléphones portables, sans en connaître la raison.

À son corps défendant, cet homme simple qui ne veut pas devenir célèbre se retrouve aspiré dans une spirale infernale par l'entremise d'une journaliste au profil ambigu (Cécile de France). Paradoxalement, plus il affirme son refus de la célébrité, plus il devient populaire.

Situation kafkaïenne d'un homme harcelé par une célébrité qu'il ne comprend pas et ne désire pas: «Célèbre de quoi? Pourquoi?» demande humblement Martin, broyé peu à peu par la machine médiatique qui se nourrit de cet homme «réel». Avec lui, «le marketing, c'est le refus du marketing», s'enthousiasme le producteur d'une émission.

Satire décapante des médias et du monde des people, Superstar est «l'histoire d'un homme qui veut préserver sa dignité, son anonymat, sa pudeur», explique Xavier Giannoli, qui dénonce «le besoin d'idolâtrie et de sacrifice (de notre société), cette folie aveugle qui s'empare des foules et les pousse à couper des têtes, à brûler des livres et à twitter tout en regardant la télé».

Ce discours a visiblement plu aux spectateurs du Lido, qui ont applaudi chaleureusement au générique de fin.

Adultère à la russe sur le Lido

Izmena (Betrayal) est un Ovni du Russe Kirill Serebrennikov sur un homme et une femme qui découvrent que leurs conjoints respectifs ont une relation. Comment réagir? Jalousie, pardon, vengeance...

Il s'agit presque d'un conte philosophique (de 115 minutes!) où les personnages ne sont que des pantins manipulés par le destin dans un univers anonyme: une banlieue bien sage et proprette, des dialogues réduits au minimum, des êtres humains à la dérive dans l'ombre de la violence.

L'infidélité devient le moteur d'une vie jusque-là sans anicroche, où l'ennui se disputait à la mélancolie. Lumière d'automne, architecture moderne et sans âme, confort privé de vie: tout semble refléter l'état d'esprit de ces personnages anonymes.

Izmena est «un film sur les émotions et les pensées cachées, et sur toutes les choses qui n'ont pas de nom dans le langage humain», confie le réalisateur, qui a voulu mettre l'accent sur «le désir brûlant des protagonistes de ne pas rester seuls et leur désir instinctif d'aimer quelqu'un».

Les films de Venise en streaming sur internet

Les malheureux cinéphiles absents de Venise ont une seconde chance: dix longs métrages et 13 courts métrages présentés à Venise dans la section Horizons sont disponibles en streaming sur internet.

Pour accéder à la salle de cinéma virtuelle en ligne, qui dispose de 500 places, il faut tout d'abord acheter un billet électronique (4,20 euros) qui permet d'obtenir un lien personnel permettant une vision unique d'un film et d'un court métrage.

Chaque titre (en version originale avec sous-titres en anglais) est disponible pour la vision en streaming pour une durée de 24 heures à partir de 19h le jour de la présentation officielle du film à Venise.

(www.labiennale.org

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