En juillet, lors d’une discussion publique entre les réalisateurs Gareth Edwards, Justin Simien et Louis Leterrier au Comic-Con de San Diego, ce dernier a mentionné que The Creator, de Gareth Edwards, pourrait « changer le cinéma ».

Le réalisateur de Fast X et de The Incredible Hulk ne faisait pas référence aux propos de The Creator – qui demeurent pertinents, nous y reviendrons –, mais à la façon dont il a été conçu. En premier lieu, le budget du film qui vient de prendre l’affiche est de 80 millions, une somme très raisonnable pour une superproduction hollywoodienne – Fast X a coûté 340 millions. Ensuite, il a été tourné « à l’envers ». Gareth Edwards a expliqué sa démarche lors d’une conférence de presse virtuelle à laquelle La Presse a assisté.

« Normalement, pour faire un film comme celui-ci, on conçoit les environnements et on les présente ensuite à l’aide d’illustrations aux dirigeants du studio. Ils nous répondent qu’on ne trouvera jamais d’endroits qui ressemblent à ce que nous cherchons, qu’il faudra construire un plateau, qu’il en coûtera 200 millions et qu’il faudra principalement filmer sur fonds verts, résume le réalisateur de Monsters, Godzilla et Rogue One. Ce que nous avons suggéré est de tourner puis de concevoir les environnements ensuite. »

Ainsi, les éléments de décor et les véhicules futuristes ont été ajoutés à l’étape du montage. Chaque plan a d’abord été bonifié par des designers graphiques puis différents studios, dont Industrial Light & Magic, Wētā FX et le montréalais Frontier VFX, ont créé les effets spéciaux.

The Creator commence en 2065, alors qu’un conflit fait rage entre l’Occident et la Nouvelle Asie, dont l’origine est la détonation, 10 ans plus tôt, d’une bombe nucléaire sur Los Angeles par une intelligence artificielle.

On suit Joshua (John David Washington) qui a été mandaté par l’armée américaine de détruire la nouvelle arme créée par le camp ennemi. Celle-ci est en fait un androïde qui a l’apparence d’une fillette (Madeleine Yuna Voyles). Le danger poursuivra l’improbable duo dans différents lieux.

Afin de réduire les coûts du tournage, Gareth Edwards a rassemblé une petite équipe qui s’est rendue dans huit pays pour prendre un maximum d’images. Ils ont entre autres visité les volcans d’Indonésie, les ruines et les villages flottants du Cambodge puis les temples bouddhistes de l’Himalaya. « Les gens qu’on voit dans le film habitent réellement le village près du temple, précise Gareth Edwards. Des enfants ont même accepté de se faire raser la tête pour jouer des androïdes. »

PHOTO GLEN MILNER, FOURNIE PAR 20TH CENTURY STUDIOS

La jeune actrice Madeleine Yuna Voyles et le réalisateur Gareth Edwards sur le plateau de The Creator

Le cinéaste est parvenu à filmer John David Washington à plus de 3000 m d’altitude grâce aussi à une caméra Sony FX3 très légère qui ne coûte que 5000 $. Celle-ci lui a permis une plus grande liberté de mouvement, avec souvent une seule lumière tenue par un perchiste ou uniquement la lueur de la lune. « Nous avons fait des prises de 30 minutes dans lesquelles nous adaptions la lumière sans arrêter la scène. Je crois que le résultat est ainsi plus naturel et se prête bien à la science-fiction », estime Gareth Edwards.

Une idée devenue réalité

« Quand j’ai commencé à écrire [The Creator] en 2018, l’intelligence artificielle était une idée qui allait peut-être se concrétiser de mon vivant, mais probablement pas, comme les voitures volantes ou habiter sur la lune. […] Dans mon histoire, elle est une métaphore pour les gens qui sont différents de nous. Je dois admettre que tout ça est devenu un peu surréel maintenant qu’elle fait partie de nos vies », indique Gareth Edwards.

PHOTO FOURNIE PAR 20TH CENTURY STUDIOS

Madeleine Yuna Voyles et des enfants figurants

Bien que The Creator dépeigne une réalité dans laquelle l’utilisation de l’intelligence artificielle est à l’origine d’une guerre mondiale, le Britannique est optimiste par rapport à l’avenir. « Tous les progrès technologiques du dernier siècle ont été suivis de perturbations sismiques que nous sommes parvenus à traverser, souligne le cinéaste. Maintenant que la poussière est retombée, je suis heureux d’avoir l’électricité, l’ordinateur et l’internet. Les prochaines années seront difficiles à naviguer, mais je crois que l’intelligence artificielle est un outil puissant qui peut nous aider dans de nombreux domaines et dont les impacts positifs seront plus grands que les négatifs. »

À la blague, Gareth Edwards précise qu’il dit tout ça, car lorsque l’apocalypse des robots surviendra, il sera épargné par ceux-ci grâce à ses propos sur cet enregistrement.

The Creator est à l’affiche en salle.