Léane Labrèche-Dor n’en est pas à son premier rôle d’importance au cinéma. Elle n’a toutefois jamais autant habité le grand écran que dans Les hommes de ma mère, film où elle est omniprésente et d’un naturel renversant.

Elsie, personnage central du film Les hommes de ma mère, n’a pas le temps de s’acclimater à la mort de sa maman qu’elle doit déjà partir en mission. Pour respecter les dernières volontés de la disparue, elle doit retrouver ses cinq ex-maris et leur demander de choisir un endroit où disperser chacun un cinquième de ses cendres.

La jeune femme interprétée par Léane Labrèche-Dor n’est pas contente. Elle vit cette mission un peu comme un nouvel abandon : sa mère, jouée brièvement par Anne-Marie Cadieux, lui a légué tous ses biens matériels, mais aucun mot doux destiné à apaiser son deuil.

Les hommes de ma mère suit Elsie dans cette curieuse marche à l’amour.

On pourrait aussi dire que la caméra d’Anik Jean, qui prend appui sur un scénario de Maryse Latendresse, suit Léane Labrèche-Dor pendant deux heures. L’actrice est en effet partout dans ce film, pas dans tous les plans, mais dans presque toutes les scènes.

Un rôle proche d’elle

Il est assez facile de percevoir que Léane Labrèche-Dor est contente de ce film, lorsqu’on l’a devant soi. Sa fierté n’a rien à voir avec de l’orgueil. Ce qui l’incite à accepter un rôle, ce n’est pas la visibilité qu’elle en tire, explique-t-elle, mais le « matériau » qu’on lui soumet et qu’elle aura à défendre.

« Le fait que ce soit un rôle important, ou même un premier rôle, n’est pas un facteur déterminant. En tout cas, c’est loin dans la liste. Loin derrière le cash ! lance-t-elle à la blague. Et l’argent est loin derrière des questions comme : est-ce que je vais apprendre quelque chose ? Est-ce que je vais avoir du fun ? Est-ce que j’ai quelque chose à dire ? Est-ce que ce rôle-là est pour moi ? »

PHOTO LAURENCE GRANDBOIS BERNARD, FOURNIE PAR IMMINA FILMS

Elsie (Léane Labrèche-Dor) avec Paul (Patrick Huard) dans Les hommes de ma mère

La dernière question est capitale à ses yeux. Léane Labrèche-Dor a beau avoir déjà montré qu’elle pouvait faire rire aux larmes ou simplement tirer les larmes, elle ne pense pas pouvoir endosser tous les rôles. « Il faut avoir l’humilité de l’admettre si on pense ne pas être la bonne personne pour tenir un rôle », pense-t-elle.

L’actrice se sentait une proximité avec Elsie. « J’ai vécu ce deuil-là », rappelle la jeune actrice, qui a perdu sa maman alors qu’elle était encore adolescente. « Ma mère n’a pas marié cinq hommes, mais j’ai vécu ce deuil et je trouvais intéressant de pouvoir mettre dans cette histoire un peu de ce que je connais de cette situation-là. »

L’art, de son point de vue, sert à ça : mettre en lien des sensibilités. Ce qu’elle aime de son métier, devine-t-on, c’est qu’il la nourrit intellectuellement et émotivement. « Je fais ce travail parce qu’il me permet d’apprendre sans fin. J’étais vraiment une Hermione Granger à l’école : je visais les 100 %. J’aimais ça, les bonnes notes. Comme comédienne, je peux viser le 100 %, mais je ne l’atteindrai jamais, dit-elle. Des fois, je vais me planter, mais apprendre constamment, c’est trippant. »

PHOTO LAURENCE GRANDBOIS BERNARD, FOURNIE PAR IMMINA FILMS

Léane Labrèche-Dor dans Les hommes de ma mère

Léane va à l’école

L’une des choses qu’on sent très fort dans Les hommes de ma mère, c’est la liberté qu’avaient les acteurs pour adapter les dialogues à leur bouche. « Anik [Jean] travaillait beaucoup comme ça et Maryse [Latendresse] laissait beaucoup de liberté aussi. Ça faisait consensus », assure Léane Labrèche-Dor.

Ce genre d’ouverture plaît énormément à la créatrice en elle.

Quand j’ai la liberté de [jouer avec le texte], mon cerveau le sait et je suis vraiment à l’écoute de mes partenaires de jeu. Je suis à la recherche de la vérité. De la vraie vérité. Je ne la trouve pas tout le temps, mais ça me motive de la chercher.

Léane Labrèche-Dor

Même si elle est fille et petite-fille de comédien, Léane Labrèche-Dor n’a pas toujours voulu être actrice. Hermione Granger, pour reprendre le surnom qu’elle donne à l’adolescente qu’elle était, voulait étudier en anthropologie ou en histoire de l’art. Ce n’est qu’une fois rendue au cégep, après avoir passé son secondaire à péter des scores, qu’elle a réalisé que le théâtre en parascolaire l’inspirait plus que ses cours...

Elle précise qu’elle demeure passionnée par plusieurs choses et qu’elle n’en a probablement pas fini avec l’école. Elle s’intéresse toujours à l’anthropologie et à l’histoire de l’art. L’idée de devenir traductrice lui plaît aussi. « Je suis peut-être une éternelle étudiante, songe-t-elle. Peut-être qu’être actrice, c’est juste un petit détour dans mon parcours... »

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