(Rouyn-Noranda) Les cofondateurs du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, qui débute ce samedi, 31 octobre, prennent le pari de tenir un Festival « en chair et en os », c’est-à-dire avec un public en salle, même cette année.

« Nous sommes le seul festival de cinéma au Québec à accueillir le public en salle, affirme non sans fierté l’un des cofondateurs, Guy Parent. On demeure toujours un peu inquiets, car on ne sait pas si le gouvernement va resserrer encore un peu les mesures sanitaires et confiner toute la province. En attendant, on met la dernière main aux préparatifs pour accueillir les festivaliers et les personnalités. »

À leur 39e édition, ils sont toujours aussi fébriles à quelques jours de l’évènement.

Suivre le train de mesures

Le fait que l’Abitibi-Témiscamingue soit l’une des dernières régions en jaune permet au Festival d’accueillir des spectateurs. « Les gens sont respectueux des consignes sanitaires dans la région, souligne Guy Parent. C’est une forme de récompense. »

Mais, pour pouvoir offrir une programmation en salle, les dirigeants du FCIAT ont dû à la fois modifier leur formule et se plier à une kyrielle de mesures sanitaires.

On a notamment réduit le nombre de spectateurs de 80 % au Théâtre du Cuivre, pour le faire passer de 750 à 155. « À Busan, en Corée du Sud, le Festival du film est rempli de 20 à 25 % de la capacité de ses salles, et tout se passe bien, fait valoir Guy Parent. Notre démarche est unique au Québec, mais elle se compare à celle d’autres festivals dans le monde. »

La procédure pour les blocs de films a aussi changé, COVID oblige. « Avant, les gens pouvaient sortir et se rassembler dans le foyer du Théâtre entre les films, indique Guy Parent. Cette année, tout le monde va rester en salle. On présente un film d’animation, un court métrage et un long métrage, puis les spectateurs quittent l’enceinte. Il va sans dire que le bar sera fermé, et les buvettes seront désactivées. Les gens sont invités à apporter leur bouteille d’eau, et des remplissages seront possibles au bar. »

90 films, plusieurs premières

La logistique de la salle n’est pas le seul casse-tête des organisateurs du Festival. Même si on parle d’une programmation étoffée, certains producteurs ont préféré se retirer de l’évènement. « Avec la pandémie, plusieurs distributeurs ont repoussé la sortie de leur film à 2021, explique Guy Parent. En revanche, plusieurs cinéastes, notamment québécois, se sont posé la question : est-ce qu’on présente quand même notre film à Rouyn-Noranda ? Heureusement pour nous, on a eu plusieurs réponses positives de cinéastes qui sont devenus des habitués de notre festival. »

Au total, 90 films, courts, longs métrages et films d’animation, dont plusieurs premières, sont au programme. C’est le cas de Mon année Salinger, de Philippe Falardeau, qui raconte l’histoire d’une aspirante écrivaine embauchée par l’agente du célèbre écrivain J. D. Salinger. Le film met en vedette Sigourney Weaver et Colm Feore.

Un autre habitué du festival, Claude Gagnon, présente Les vieux chums, avec Patrick Labbé et Paul Dumont. L’action de ce film se situe à Saint-Hyacinthe, alors que Pierrot (Patrick Labbé), un homme en fin de vie, retourne dans sa ville natale pour fermer les livres avec ses vieux amis, dont Jacques Larose (Paul Doucet) qui l’aidera dans sa quête.

Un festival plus modeste

Les dirigeants du FCIAT ont dû faire des choix, pour pouvoir tenir leur festival. « Nous avons dû maintenir nos activités au Théâtre du Cuivre, précise Guy Parent. L’activité Espace court, par exemple, sera présentée de façon virtuelle, sur le site de la Fabrique culturelle. Le volet scolaire sera quant à lui présenté dans les classes, via notre compte YouTube. Nous allons également compiler le vote du public de façon électronique. »

Pour Louis Dallaire, Jacques Matte et Guy Parent, il n’a jamais été question d’annuler le Festival. « On a décidé de faire le festival avec l’argent qu’on avait, affirme Guy Parent. Il y a moins d’à-côtés, mais on ne voulait pas sauter une année. »

Les « Trois amigos », comme plusieurs les surnomment affectueusement en Abitibi-Témiscamingue, ont déjà les yeux rivés sur la 40e édition. Certaines idées nées de la pandémie pourraient rester, comme le vote du public électronique. « Pour le reste, il est trop tôt pour s’avancer », estime M. Parent.

La prévente des billets, qui a débuté jeudi dernier, va bon train, selon Guy Parent. « Il y avait une soixantaine de personnes dès l’ouverture de la prévente, et elles étaient toutes contentes de pouvoir enfin sortir, dit-il. Les gens ont besoin de s’évader en ces temps troubles, et le cinéma permet cela. »

Texte de l’Initiative de journalisme local