La guerre des bolides pour richissimes clients aura-t-elle lieu? L'allemand Porsche a annoncé son intention de monter en gamme, ce qui le placerait en concurrence frontale avec le constructeur italien Ferrari.

La plus chère de la gamme 911 de Porsche plafonne à 250 000 euros, tandis qu'à l'autre bout l'extravagante 918, voiture de course à propulsion hybride qui doit être produite en série limitée à partir de 2013, coûte environ 750 000 euros, un record pour une voiture allemande.

«Il y a un fossé de 500 000 euros et donc on peut se demander s'il n'y a pas une autre Porsche qui pourrait se positionner entre les deux», a déclaré le patron du groupe Matthias Müller au salon automobile IAA de Francfort (ouest), ouvert jusqu'au 25 septembre.

«Quand on regarde l'histoire de Porsche, on s'aperçoit qu'on avait autrefois des voitures sur ce segment», a-t-il ajouté en faisant allusion à la 959, fabriquée dans les années 1980.

Or c'est précisément le créneau de Ferrari, qui a dévoilé à l'IAA sa dernière née, la 458 Spider, un bolide deux places équipé d'un toit en aluminium rétractable. Les premières livraisons sont attendues à la fin de l'année, et Ferrari compte en produire entre 2 000 et 2 500 par an. Son prix d'entrée en France: environ 225 000 euros.

La 458 Spider est appelée à devenir un nouveau modèle phare de l'entreprise de Maranello, aux côtés de la 458 Italia (196 000 euros), la California (179 000 euros) et le coupé FF, une première 2+2 places à quatre roues motrices dont le prix dépasse les 261 000 euros.

Rien à voir avec la nouvelle 911 de Porsche, également présentée à l'IAA, dont le prix plafonne à 90 000 euros.

Les ventes de Ferrari sont modestes par rapport à celles de Porsche: 3 577 voitures au premier semestre 2011 (+11,8%) pour l'italien contre 60 659 unités (+36,8%) pour l'allemand.

Les deux constructeurs ont aussi des stratégies inverses: alors que le patron de Ferrari, Luca di Montezemolo, se refuse à produire plus de 7 000 unités par an pour ne pas «perdre l'âme et l'exclusivité» de la marque, Porsche ambitionne de vendre au moins 200 000 voitures d'ici 2018. Soit deux fois plus que sa prévision pour l'année en cours.

Pour y arriver, Porsche prévoit d'augmenter son offre de modèles et de gonfler de 50% son budget de recherche-développement.

Se retrouver sur le même terrain que Ferrari tiendrait du hasard, selon M. Müller: «C'est comme ça», a-t-il réagi, laconique.

Mais rien n'est moins sûr. Car la marque au cheval cabré empiète de plus en plus sur les plates-bandes de Porsche, notamment dans les pays émergents, où la clientèle potentielle des très riches grimpe rapidement. Fort de son succès en Chine, Ferrari s'est ainsi lancé cette année sur le marché indien.

«Nous avons beaucoup de respect pour Porsche, c'est notre rival le plus sérieux», a confié M. di Montezemolo au salon de Francfort. «Nous accueillons toujours avec plaisir les nouveaux compétiteurs», a-t-il ajouté, comme pour relever le défi.