La nouvelle reine des drag-queens canadiennes, Gisèle Lullaby, est populaire depuis sa victoire à la troisième saison de Canada’s Drag Race ! En plus d’apparaître auprès de la mairesse Valérie Plante au bal de l’Orchestre symphonique de Montréal, la Québécoise annonce qu’elle partira en tournée en Australie en octobre.

Depuis quelques jours, l’artiste multitalentueuse savoure son titre de Reine du Nord. « C’est comme l’Oscar de la meilleure drag-queen ou le Billet d’or qui me permet de faire ce que je veux partout. J’ai aussi reçu des offres [pour des performances] de la Californie, du Texas et de New York ! »

Elle rêvait par-dessus tout de ramener le titre chez nous. « À un moment donné, je ne le faisais même plus pour moi, mais pour le Québec, dit la gagnante. J’ai senti beaucoup d’amour des Québécois, en particulier de la communauté LGBTQ+ québécoise, qui est immense et qui m’encourageait beaucoup. »

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE VALÉRIE PLANTE

La mairesse Valérie Plante et Gisèle Lullaby lors du bal annuel de l’OSM

Même si elle avait regardé chaque saison de la franchise américaine et les nombreuses déclinaisons internationales, rien ne la préparait à l’isolement entourant les tournages. « On est coupées de nos proches, de notre famille et de nos repères pendant un mois et demi. Ça m’a jetée à terre ! avoue Gisèle Lullaby. Les gens ne réalisent pas à quel point les tournages sont rapides et exigeants. »

Le contexte requiert une grande force mentale des participantes.

C’est tellement dur de se faire critiquer constamment par l’élite de son milieu et de se faire comparer à des concurrentes que tu admires.

Gisèle Lullaby

Heureusement, parmi elles se trouvait son amie Lady Boom Boom. « Je suis allée dans l’antre du lion avec ma chum, imagine ! On a la même vision de la drag. On se stimule sur scène. C’est la meilleure compétition positive qui soit. »

Rita Baga conseillère

Elle pouvait également miser sur les conseils de Rita Baga, finaliste de la première saison. « Rita m’a dit que ce serait pour moi un jeu de patience, parce que je suis hyperactif, dit Gisèle Lullaby, de son vrai nom Simon Gosselin. C’est dur pour moi de ne rien faire. »

Il faut dire que la drag-queen la plus connue du Québec est sa meilleure amie. « On se connaît depuis que j’ai six ans. C’est mon meilleur ami. On a tout vécu ensemble. Quand j’ai lâché la danse, je suis allée danser pour lui au cabaret et ma carrière de drag a commencé. »

Avec le recul, elle constate qu’elle était née pour la drag, même si elle a d’abord rêvé de faire du théâtre.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Gisèle Lullaby

Enfant, je me disais que pour être comédien, il me fallait un maquillage, alors j’ai appris avec ma mère, qui était vendeuse Avon. Elle m’a aussi appris à coudre et j’ai toujours bien dessiné.

Gisèle Lullaby

« J’ai pratiqué toute ma vie. Je faisais des métamorphoses sur mes chums de filles tout au long du secondaire avant de les maquiller pour le bal, ajoute-t-elle. J’ai appris à préparer mes perruques, à penser à un design avant de le faire, à dessiner mes patrons et à pratiquer mon lipsync devant le miroir durant des heures. »

La somme de ses talents saute aux yeux et sa personnalité rafraîchissante, son grain de folie en ont séduit plus d’un, en plus de la protéger. « Je me donne la liberté complète d’être moi-même. En tant qu’homosexuel, on a des traumatismes et mon sens de l’humour vient de là. Pas comme un mécanisme de défense, mais pour me rendre heureux. »

Les juges de Canada’s Drag Race ont souvent salué sa capacité à foncer. « J’ai 13 ans de carrière, alors j’en ai vu d’autres, lance-t-elle. Il n’y a plus rien qui me fait peur. Je suis passionnée de drag et tous les défis m’excitaient. »

La nouvelle reine s’est notamment démarquée par son refus de laisser certaines concurrentes avoir des comportements déplacés. « Des gens m’ont écrit que je surréagissais aux comportements de [la concurrente] Miss Fiercalicious, mais je leur répondais : “Vous n’avez pas vu tout ce qu’elle a fait, sinon, c’est sa carrière à elle que vous seriez en train de défaire.” Les producteurs ont coupé plusieurs scènes épouvantables pour la protéger. »

Préférant la bienveillance et la générosité aux sempiternelles bitcheries, elle partagera une partie des 100 000 $ remportés avec les siens. « J’amène ma mère à Disney. Notre famille a toujours été pauvre, alors c’est là que ça se passe ! »

Gisèle Lullaby prévoit aussi lancer un vidéoclip et partir en tournée pancanadienne. « Tant qu’à passer de reine de Boucherville à reine du Canada, aussi bien voir du pays et partager la culture du Québec ! »