La Presse est allée à la rencontre d’académiciens qui reviennent sur leur expérience et partagent où ils en sont aujourd’hui.

Wilfred LeBouthillier | Après la « Wilfredmania »

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Wilfred LeBouthillier

C’est un euphémisme d’affirmer que Star Académie, dont tu as gagné la première édition, a changé ta vie…

Je ne suis effectivement jamais redevenu pêcheur de homards ! J’ai toujours vécu de ma musique depuis. J’ai aujourd’hui ma maison de disques et de production, je produis mes albums et les activités de mon groupe, Les Gars du Nord. Je suis là où j’ai toujours rêvé d’être, et c’est Star Académie qui m’a permis d’être là et d’entrer dans le cœur des gens. Il n’y a plus la folie où les gens criaient à s’en évanouir et à vouloir m’arracher les cheveux et mon linge… mais ça, je ne m’en ennuie pas ! [rires]

T’es-tu toujours senti respecté par la production dans toute cette épopée ?

Toujours. C’était important pour moi d’être reconnu comme auteur-compositeur-interprète, et mon premier album contenait déjà cinq de mes compositions. J’ai toujours été respecté là-dedans. J’ai aussi coréalisé des albums quand je travaillais avec Productions J.

Ses projets

« J’ai mis ma carrière solo sur pause pour me consacrer au groupe Les Gars du Nord. On a sorti un album en mars dernier, Les fils du père, et on a déjà donné une soixantaine de spectacles, qui continueront en 2024. Et ça fait longtemps qu’on se dit, Marie-Élaine [Thibert] et moi, qu’on aimerait faire un album et peut-être des spectacles ensemble… »

Marie-Élaine Thibert | En profiter, enfin !

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Marie-Élaine Thibert

Marie-Élaine, quelle saveur auront ces retrouvailles avec la bande de Star Académie ?

On voit ça comme un gros party. À l’époque, on avait parfois deux shows de trois heures le samedi, deux le dimanche, des entrevues avant… C’était le fun, mais on était garrochés. On n’avait pas le temps d’apprécier. Là, on va le vivre ! J’ai l’impression que je vais être pas mal moins stressée.

À 41 ans, avec 20 ans de recul, quel regard poses-tu sur cette grande aventure, qui t’a menée jusqu’au statut de finaliste féminine de la première édition ?

C’est comme si j’avais vécu deux ou trois ans en deux ou trois mois. C’était beaucoup d’un coup, mais on était tellement chanceux de vivre ça ! J’allais de belle surprise en belle surprise, chaque dimanche, car j’étais toujours mise en danger [rires]. C’est toujours le public qui me choisissait. Si ce n’était pas de Star Académie, je ne pense pas que je serais ici, 20 ans plus tard, à faire ce métier. Je le revivrais n’importe quand, pour avoir la carrière que j’ai aujourd’hui.

Ses projets

« J’ai lancé mon huitième album en 2022. Il y en aura peut-être un autre en 2024. Wilfred et moi avons aussi le désir de faire un projet en duo. Ce n’est pas sûr à 100 %, mais c’est notre souhait. Je pense que les gens aimeraient bien ça ! » [Marie-Élaine et Wilfred ont participé en tandem à Chanteurs masqués, en 2021, sous les costumes des Inséparables.]

Marie-Mai | Une douce naïveté

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Marie-Mai

Tu avais 18 ans lors de ton séjour à Star Académie. Comment as-tu réussi à garder la tête froide, à un si jeune âge, dans une telle frénésie ?

Dès la première journée, j’étais là pour travailler. Plusieurs s’amusaient, mais moi, je disais que je n’étais pas là pour faire le party. J’étais souvent dans ma bulle. Pendant l’émission, je n’étais pas non plus celle qui recevait le plus d’attention, car je n’avais jamais été mise en danger. Ma présence se faisait surtout sentir sur scène le dimanche. C’est après que j’ai pu véritablement présenter ma personnalité.

Vous avez été parmi les premiers à vivre l’expérience de la téléréalité québécoise. Toi qui as ensuite été coach à La voix et qui animes Big Brother Célébrités, comment crois-tu que cet élément vous distingue, tes camarades et toi ?

La grosse différence, ce qui ne se recrée pas, c’est qu’on ne savait rien. On ignorait ce qu’était un montage [rires]. Maintenant, c’est facile d’être conscient des caméras et de maintenir une image. Nous, c’était un camp de vacances ! On était complètement nous-mêmes, en toute naïveté.

Ses projets

« La quatrième saison de Big Brother Célébrités vient de commencer à Noovo. Je termine mon prochain album, qui devrait sortir à l’automne. On commencera à dévoiler des chansons en février. Il y aura aussi de l’acting. J’ai vraiment trippé à jouer dans Testament, de Denys Arcand, et une autre belle offre m’est arrivée… »

Annie Villeneuve | Préserver son jardin secret

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Annie Villeneuve

Ta carrière a décollé avec Star Académie, mais tu dis avoir eu de la difficulté à composer avec la grande médiatisation. Pourquoi ?

J’ai compris rapidement que je n’étais pas à l’aise de dévoiler ma vie personnelle au grand jour, sans arrêt. Quand on avait reçu le DVD enregistré au Centre Bell, vendu à 500 000 copies, j’avais remarqué qu’à l’endos figurait une photo de moi en robe de chambre, décoiffée ; ça m’avait dérangée. À l’époque, on n’avait jamais vu d’émission comme ça, on ne savait pas ce que c’était, être filmé 24 heures sur 24 !

Estimes-tu que la production a protégé votre santé mentale pendant l’aventure ?

Si on se reporte il y a 20 ans, on ne savait pas tant que ça ce que c’était. Je ne peux pas dire que j’en veux à la production de ne pas nous avoir offert un psychologue. Moi, j’en ai rapidement eu besoin et, en sortant, je me suis occupée de mes affaires. Que ça se passe bien ou pas, c’était un choc de faire Star Ac ! Mais n’importe quand, Julie Snyder était là pour nous. Elle faisait tout pour nous aider quand on avait besoin d’aide.

Ses projets

« Depuis 20 ans, j’ai lancé cinq albums, dont un de Noël. J’ai écrit, composé, fait de la tournée, de la comédie musicale. Je fais présentement de la radio à Rythme, à Québec, et je vais sortir une nouvelle chanson le 25 janvier. »

Suzie Villeneuve | Honorer et célébrer

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Suzie Villeneuve

Tu as pris l’initiative d’une réunion de tes camarades, l’an dernier, pour souligner les 20 ans de votre révélation à Star Académie… alors que tu avais pourtant quitté l’émission de ton plein gré, après quatre semaines !

À l’époque, j’avais 18 ans. Je n’étais pas outillée pour vivre aussi serrée, dans une telle maison, à connaître toutes ces émotions. C’est pour ça que j’avais quitté. Je ne quittais pas la musique, c’était la situation qui me rendait inconfortable. Plus tard, je me suis assise avec moi-même, j’ai fait un processus qui m’a amenée à faire la paix avec le passé, à avoir un regard beaucoup plus sage sur ce qu’on a vécu.

De ces retrouvailles est né le spectacle Et c’est pas fini. Quelle importance revêt ce rendez-vous pour toi ?

C’est pour dire merci. Pour se remémorer qu’il y a 20 ans, ils étaient des millions à nous regarder chaque week-end, à nous encourager, à être présents avec nous. Vingt ans plus tard, il y a encore des gens qui nous abordent, nous demandent comment on va. On souhaitait honorer ce beau cadeau qu’on a reçu, se rappeler des souvenirs et célébrer !

Ses projets

« Je termine mon prochain album, qui sortira le 21 mars. Il complètera ma trilogie De la tête au cœur, amorcée avec la conférence et le livre du même nom. J’ai réalisé des entrevues avec 12 des 14 chanteurs de Star Académie 2003, disponibles sur ma chaîne YouTube. »

Jean-François Bastien | Un amour démesuré

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Jean-François Bastien

Quel regard jettes-tu aujourd’hui sur la folie générée par Star Académie, que tu qualifies de « Beatlemania » ?

Je suis mi-figue, mi-raisin. Je n’ai pas tout apprécié de cette envergure. C’était très intrusif ; les gens nous aimaient démesurément. Dans les mois ayant suivi Star Académie, je n’osais presque plus sortir. Des filles tombaient en pleurs devant moi, je me faisais voler des ordures, on me poursuivait en voiture. Mon deuxième enfant [il en a quatre aujourd’hui] est né pendant Star Académie, et ce moment nous a un peu été volé. Mon ex-conjointe a été une championne de gérer ça, seule, pendant des mois.

En revanche, professionnellement, vous avez bénéficié d’une école exceptionnelle…

Cette portion était fabuleuse. Quand on montait sur scène, les conditions étaient optimales. Ce qui se passait entre nous, les académiciens, dans l’autobus, pendant la tournée, ce sont des souvenirs impérissables. Vingt ans plus tard, moi, je n’en ai pas fait tant que ça, des Centre Bell ! [rires] Vendredi, je vais le savourer comme on savoure un bon vin. La chanson Et c’est pas fini, on l’a assez faite : croyez-moi, ça va être bon !

Ses projets

« Je n’ai jamais arrêté de chanter. J’ai fait cinq albums en 12 ans, mais aucun ne s’est retrouvé en magasin. Puis j’ai abandonné et me suis tourné vers la production de spectacles, la mise en scène, la direction artistique. Je fais maintenant de la production de contenu vidéo. »

Émily Bégin | L’enthousiasme qui dérange

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Émily Bégin

Ta personnalité exubérante t’avait rapidement distinguée à Star Académie…

Au premier gala, je portais une jupe courte. J’avais 21 ans, j’avais de super jambes, j’étais en forme ! Julie Snyder m’avait demandé de faire un mouvement de danse pour montrer mes talents. J’avais fait un battement de jambe et les réactions avaient été démesurées. Le Journal de Montréal avait titré que j’étais prête à tout pour gagner, parce que j’avais de l’énergie et que je prenais de la place. Ç’avait été très stressant pour ma famille. Ma mère avait perdu 15 livres ! Dieu merci, les réseaux sociaux n’existaient pas à l’époque ! Mais j’ai été fidèle à moi-même et j’ai vécu cette expérience à 200 %.

Depuis, tu as joué dans des comédies musicales, chanté, animé. Quelles compétences acquises à Star Académie te servent encore aujourd’hui ?

La découverte de la musique québécoise. Moi, j’écoutais du Madonna, du Britney Spears, des performeuses américaines. À Star Académie, on recevait des artistes québécois, on ne chantait que du québécois.

Ses projets

La deuxième saison du docuréalité Avec pas de plan, tournée en Gaspésie, sera offerte sur la plateforme Vrai le 16 janvier. Le couple qu’elle forme avec Guillaume Lemay-Thivierge enregistre la deuxième saison de Si on s’aimait encore, à venir à TVA. Elle sera aussi de la série FEM, réalisée par Marianne Farley, à Unis TV cet hiver, et de la comédie musicale Le Matou avec son fils, Théodore Lemay-Thivierge, à l’été 2024.

Stéphane Mercier | La grande désillusion

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Stéphane Mercier

Tu n’étais pas certain de vouloir participer au spectacle-retrouvailles, puis tu t’es ravisé. Tu dis avoir été désillusionné par l’envers du show-business. Pourquoi ?

Je me suis aperçu combien le showbiz est très… mauvais. Star Académie n’est pas le show-business ; j’ai eu de belles rencontres, des spectacles, ç’a été une expérience mémorable. En contrepartie, les producteurs sont très égocentriques, centrés sur leur succès à eux. J’ai vu combien les gens peuvent être méchants. Je ne pensais pas être aussi déçu de la race humaine par la suite.

Tu as été un « personnage » tout au long de la première édition de Star Académie. Tu avais ouvert la porte à Julie Snyder flambant nu, on t’a affublé du surnom « Normétal » [village d’Abitibi où il habitait alors]. Est-ce que ç’a été lourd à porter ?

C’est un peu moi qui l’avais choisi. Si, quand la caméra tourne, tu ne fais rien, elle n’ira pas sur toi ; j’étais aussi bien de faire un peu le fou et de divertir le monde, puisque je ne savais pas combien de temps je resterais à l’académie. Je ne me suis jamais pris au sérieux. Je suis totalement une antistar !

Ses projets

« Je vends des voitures pour Volkswagen Canada, à Laval, depuis quatre ans. Je fais le spectacle pour remercier le public, accompagner ma gang, mais je ne recommencerai pas à chanter, même si on fait un gros succès. »

Maritza Bossé-Pelchat | Un recul nécessaire

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Maritza Bossé-Pelchat

Pendant un certain temps, tu refusais de parler de ton passage à Star Académie, tu souhaitais t’en dissocier complètement. Pourquoi ?

C’était effectivement difficile pour moi, pendant une période. J’avais besoin de faire une coupure avec l’expérience et ce qu’elle m’avait fait vivre. Ç’avait été très intense, et je n’avais pas l’impression d’être rendue là, dans mon cheminement d’artiste en développement. Le phénomène était stressant et confrontant. L’expérience a été formatrice, mais j’ai réalisé que ce n’était pas dans cet environnement que je voulais évoluer.

Qu’est-ce qui t’a occupée dans les 20 dernières années ?

J’ai effectué un retour à l’école, j’ai cofondé l’organisme RAIS – Ressource Adoption, dont je suis la directrice. J’ai fait un EP et deux albums en solo, j’en ai fait trois avec le groupe Lisbonne Télégramme. Je gagne ma vie avec mon organisme et la musique. J’ai fait des voyages et eu un enfant. Ma fille a aujourd’hui 10 ans.

Ses projets

« Je travaille sur de nouvelles chansons pour un EP. J’ai attrapé la piqûre des spectacles depuis la sortie de mon album en espagnol, ¿Quién eres ?, en 2022. La composition, la création, les spectacles, le voyage… »

Pascal Nguyen Deschênes | Un nuage plus grand que nature

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Pascal Nguyen Deschênes

Comment avais-tu vécu l’engouement pour Star Académie, à l’époque ?

Je pense que je l’ai bien vécu. Ç’a été un beau trip, mais je savais que ça serait un moment très particulier dans ma vie et qu’un an plus tard, tout reviendrait à la normale. Pour moi, c’était clair. C’était un genre de nuage plus grand que nature.

Fais-tu encore de la musique ? Qu’est-ce qui t’occupe aujourd’hui ?

Je ne fais plus de musique depuis 2010. Après Star Académie, j’ai lancé un studio de production sonore. Je travaillais dans le milieu de la publicité, je mixais des voix hors champ, des refrains publicitaires. J’ai fait ça pendant sept ans. Je suis retourné aux études en 2010, j’ai terminé mon certificat en administration et j’ai démarré une première start-up. Finalement, je me suis retrouvé à héberger des sites web, ce que je fais encore aujourd’hui.