Comment debord est apparu avec un premier album au début de la pandémie comme un souffle léger et dansant. On retrouve son funk décontracté et ses amusants jeux langagiers dans monde autour, joyeux amalgame d’influences qui reflète son solide esprit d’équipe.

« Ce qui a changé depuis trois ans ? On s’est bien dégourdis », laisse tomber la guitariste Karolane Carbonneau. Lire que le groupe a donné beaucoup de spectacles malgré les circonstances sanitaires et qu’il a appris à bien se connaître « musicalement et relationnellement », explique le bassiste Étienne Dextraze-Monast.

« En tournée, on est toujours ensemble, on vit des trucs le fun, mais des fois aussi des grosses crevaisons sur l’autoroute… »

Bref, comment debord a joué beaucoup, et au-delà même de ses attentes : encore cet été, le groupe a participé à de nombreux festivals, preuve que quelque chose s’est construit.

« Je me souviens d’un show en Abitibi, c’était un de nos premiers quand ça a commencé à rouvrir, raconte Rémi Gauvin, parolier et principal chanteur du groupe. On ne s’attendait à rien, et les gens connaissaient les paroles des chansons ! On a réalisé que pendant qu’on jammait et qu’on ne savait pas trop ce qui se passait, des gens écoutaient notre musique. »

La création de monde autour a d’ailleurs un peu suivi la courbe du moral pandémique. Dans les premiers temps, l’auteur-compositeur a surtout « observé les gens chez eux derrière leur fenêtre », et de premières pièces d’inspiration country-folk sont ainsi arrivées sous forme de ballades introspectives et mélancoliques.

Extrait de blood pareil, de comment debord

Pis là, ça a redécollé. Tout le monde était écœuré de la pandémie et on avait hâte d’aller danser. Alors on a voulu écrire des chansons qui bougeaient.

Étienne Dextraze-Monast

« Et on est retombés dans le disco ! », dit en rigolant Rémi.

Trouver son ADN

Si le groupe peut passer aussi aisément de la musique des Appalaches au funk des années 1970, c’est qu’il est une coalition d’intérêts, de talents et d’idées qui se complètent et « s’auto-influencent ». Alors que Rémi est l’unique parolier, le noyau créatif musical est composé de cinq personnes : Olivier Cousineau à la batterie et Willis Pride aux claviers en plus de Rémi, Étienne et Karolane.

Extrait de tu penses-tu, de comment debord

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Ainsi, entre la tendance punk de Karolane – elle fait aussi partie du groupe Nobro – et les accointances jazz d’Étienne, les membres de comment debord pigent « à gauche et à droite » pour créer une musique qui ne ressemble qu’à eux. « C’est motivant », dit la guitariste, qui par exemple à ses débuts avec le groupe ne savait pas comment jouer du funk. Mais elle a fait ses devoirs. « Une fin de semaine, j’ai repiqué toutes les tounes des Meters. Fallait que je comprenne. C’est le fun de pas juste rester dans ce que tu connais. »

Quand on leur demande de définir le « son » comment debord, les trois musiciens ont un peu de difficulté à répondre. « On cherche encore ! » Ce qui est certain, c’est que le réalisateur Warren C. Spicer de Plants and Animals, qui travaille avec eux depuis le premier album, a su capter leur ADN.

« Il nous a aidés à trouver comment travailler. Des fois, il disait : ‟ça marche, mais je ne pense pas que ça sonne Debord”. C’est dur à expliquer », dit Étienne, qui estime qu’une de leurs caractéristiques est certainement leur côté « lousse », « produit mais pas trop ».

Extrait de veux veux pas, de comment debord

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« C’est vrai qu’il y a un genre de laisser-aller », confirme Rémi.

On est tous différents, mais on a envie de faire quelque chose en commun. Alors il faut que tout le monde donne de l’espace. Ça prend de la flexibilité.

Rémi Gauvin

Quitte parfois à passer le relais comme chanteur principal. « Ça apporte un certain dynamisme, quand différentes personnes chantent », estime Karolane, qui interprète suavement manquer le bateau.

Extrait de manquer le bateau, de comment debord

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« C’était comme ça dans The Band, dont on est tous fans, analyse Rémi. Mais tout le monde dans le groupe chante des chœurs aussi. Moi, c’est ce qui me fait le plus du bien. »

Les chœurs à plusieurs voix et la mixité – le groupe compte deux autres membres, la chanteuse Alex Guimond et la percussionniste Lisandre Bourdages – sont certainement un de leurs signes distinctifs. Tout comme les textes de Rémi, qui, avec son humour, son sens de l’observation, ses agencements de mots surprenants et ses détournements d’expression, maîtrise la poésie du quotidien comme pas un.

« Écrire, c’est peut-être ce que je préfère. Aussi faire des shows, j’y ai pris goût, mais jouer avec les mots, détourner les expressions [...], c’est ce qui me fait triper. »

Exaltant

Comment debord ne serait pas ce qu’il est s’il manquait un seul de ses membres, croit Karolane. Mais même si le fonctionnement en groupe est parfois ardu, ils ne feraient pas de la musique autrement.

« Être un groupe, c’est partager, dit Rémi. Des fois, c’est difficile, mais quand on trouve l’essence d’une pièce, quand on chante des harmonies sur scène, quand on a un buzz de création, de vivre ça ensemble, c’est décuplé. »

Extrait de désert alimentaire, de comment debord

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Étienne est d’accord. La « synergie » pendant la création, la fébrilité et les moments de « transe » qui rachètent les passages plus difficiles, la profondeur des relations, tout cela fait de la vie de groupe quelque chose de vraiment exaltant.

Mais ce ne sont pas tous les musiciens qui sont capables de travailler en groupe, ajoute-t-il. « J’ai été dans plein de bands, et il y en a beaucoup qui ne sont pas faits pour ça. Ils n’ont pas la capacité émotionnelle. L’esprit d’équipe, ils ont de la misère avec ça. »

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