Après Zanipolo qu'il situait habilement dans la Venise du XVIIIe siècle, Marc Ory nous projette dans le Paris de 2030 avec La concession.

Un Paris occupé où la résistance sévit vigoureusement contre l'occupant... chinois! Un récit miroir, se déroulant dans la Chine des années 20, se mêle à l'intrigue futuriste. La concession parle de destins tracés d'avance, habités par la haine sourde et la vengeance. Nourri par l'art, l'amour cherchera tout de même à éclore parmi les hypocrisies et les coups fourrés des uns et des autres.

Le livre recèle des phrases magiques et des moments fort émouvants. On retrouve donc ici les thèmes chers au romancier dans un cadre inusité. Il manque peu de choses, à vrai dire, à Marc Ory pour écrire un grand roman. Il a presque tout: érudition, style impeccable, souffle épique, imagination... Un écueil toutefois, comme dans Zanipolo. Marc Ory n'a pas encore trouvé le moyen de traiter des éléments «informatifs» nécessaires à l'avancement du récit; sur l'émergence de la Chine et le pourquoi de sa présence en France, en l'occurrence. Ce problème narratif irrésolu brise le rythme à quelques reprises, nous faisant même nous questionner sur la pensée véritable de l'auteur, à savoir si ce récit ne cacherait pas quelques accents de xénophobie à propos de l'empire du Milieu...

La concession, de Marc Ory. Ed Triptyque, 197 pages.