Un deuxième roman peut s'avérer un piège dans lequel plusieurs animaux littéraires sont tombés dans le passé. Mais ce futé renard qu'est Éric Mathieu passe l'épreuve avec brio.

Sa signature, faite d'un mélange très personnel de fantastique et d'hyperréalisme, représente moins une surprise qu'au temps du premier roman Les suicidés d'Eau-Claire, mais l'écriture finement ciselée nous tient sur le qui-vive jusqu'au bout.

Relatant au «je» une autre histoire se déroulant en France, Le goupil (ancien nom du renard) nous fait entrer dans la tête d'un garçon qui sait parler dès sa naissance.

Un enfant mal aimé par sa mère et qui n'est même pas certain que son père soit son père. Au fil des ans, il deviendra tout de même un jeune homme sur mobylette après avoir survécu à la maison «des orphelin ».

Éric Mathieu s'empare de la fragilité enfantine - l'abandon, le mensonge, la solitude, les mauvais traitements - pour aborder subtilement la résilience.

Ce créateur de climats étranges nous fait vibrer au rythme de l'intelligence de ce petit homme. Il pourrait être un petit Autochtone canadien ou un enfant de la DPJ, cet Émile Claudel qui voulait simplement «être heureux» nous fait rire et pleurer tout autant.

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Le goupil. Éric Mathieu. La Mèche, 416 pages.