Ce premier roman d'un jeune dramaturge ontarien nous transporte dans le Sudbury de la fin des années 80, par la journée la plus froide de l'année.

Sudbury, c'est cette «ville morte» que Francie veut fuir à tout prix, comme le font tous les jeunes qui y grandissent. Un cul-de-sac où la découverte d'un corps nu dans la neige devient le centre de toute l'attention. À la fois pour les policiers qui le trouvent et pour le jeune Slim, qui y voit une façon de se divertir dans ces lieux où il tourne en rond en rêvant d'être un jour photographe. Mais aussi pour sa mère, une serveuse en mal d'amour qui attend le retour de son mari parti depuis sept ans. Pour Milly, qui cherche désespérément son frère disparu depuis trois jours. Ou encore pour la petite Emilia et son ami Elwy, qui jouent à se faire peur avec cette histoire de cadavre.

À travers le tourbillon de ces vies désoeuvrées, l'auteur recrée avec justesse le malaise qui caractérise ces petites villes abandonnées par le sort, alors que la traduction des dialogues en joual incarne avec vivacité le franc-parler de ces résidants enfermés dans leur propre existence.

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Agonie City. Matthew Heiti. Prise de parole. 254 pages.