Pourquoi faire le portrait d'un homme qui a déjà beaucoup abordé sa vie dans son oeuvre? À cette idée, Jean d'Ormesson, qu'on surnommait Jean d'O (clin d'oeil à Histoire d'O?), a d'abord été réfractaire et s'est réfugié dans une célèbre citation de Cioran qui soutenait qu'«il est incroyable que la perspective d'avoir un biographe n'ait jamais fait renoncer personne à avoir une vie».

Or, c'est une vie plutôt haute en couleur que celle de Jean d'O, aristocrate, charmeur, bête médiatique, directeur du Figaro pendant quelques années, à qui l'on doit une solide campagne pour faire entrer la première femme à l'Académie française, Marguerite Yourcenar.

«Mon Dieu, quelle horreur... Moi qui me suis appliqué toute ma vie à ne rien dévoiler», dit-il à la journaliste Sophie des Déserts qui lui propose l'exercice. Mais il acceptera, finalement, et la laissera entrer dans son intimité tous les mois pendant trois ans.

Longue discussion interrompue par sa mort en 2017 - éclipsée d'ailleurs par la mort de Johnny Hallyday.

Au bout du compte, nous avons ici un portrait très touchant de l'homme, écrit dans un style très vivant, comme si on y était nous aussi, dans les dernières années de sa vie.

Le dernier roi soleil. Sophie des Déserts. Fayard/Grasset. 287 pages.