Qu'est-ce qu'un collectionneur de bandes dessinées mange en hiver? C'est ce que Michel Desgagnés dévoile à La Presse. En plus de nous ouvrir la porte de sa bibliothèque, il parle avec enthousiasme des rencontres qu'il fait avec les bédéistes et les autres friands de bédé.

À 7 ans, Michel Desgagnés reçoit un numéro de Météor. Il entre alors de plain-pied dans le monde de la bande dessinée, lequel il ne quittera pas.

«Le samedi matin, par exemple, j'ai ce que j'appelle ma tournée. Je vais dans les librairies Monet, Planète BD, DBD, on prend un café et on discute», explique l'ingénieur spécialiste principal chez Bombardier.

De cette passion est né le désir de collectionner. M. Desgagnés détient aujourd'hui près de 6000 albums. Comme la plupart des amateurs de bandes dessinées, il tente toujours de mettre la main sur l'édition originale d'un album ou le tirage de tête (édition de luxe au tirage limité qui contient souvent des extras).

Le summum est de posséder une planche originale. Michel Desgagnés en a une dizaine. «C'est l'oeuvre originale sur laquelle l'auteur a travaillé. C'est vraiment le nec plus ultra puisqu'une planche va exister en un seul exemplaire. Une planche de Tintin, ça peut valoir 100 000$.»

M. Desgagnés aime particulièrement remuer mer et monde pour trouver un album qu'il souhaite ajouter à sa collection.

Par exemple, il y a quelques mois sur eBay, le bibliophile a mis la main sur le numéro de Météor qui lui manquait pour compléter la série de 110 fascicules.

«Ce qui est curieux, c'est qu'une fois que la collection d'une série est complétée, on sait qu'on l'a, mais on n'a plus le plaisir de la recherche. Et dans le fond, c'est ça qui est agréable», explique le passionné.

Petite communauté

La communauté des collectionneurs de bédé est relativement petite au Québec. Les amateurs finissent donc tous par se côtoyer dans les librairies et les salons de la bande dessinée. Et s'ils en ont les moyens, ils n'hésitent pas à se rendre en Europe pour y rencontrer leurs auteurs préférés.

«Converser avec l'auteur, c'est ça qui est important pour moi. Dans les salons de bande dessinée, vous attendez deux ou trois heures pour rencontrer un auteur. Vous avez ensuite cinq ou dix minutes avec lui», dit celui qui a environ 500 dédicaces.

Au fil des ans, ces nombreux échanges lui ont permis de se lier d'amitié avec des bédéistes. Il les invite à la maison, passe des soirées avec eux et ne passe pas un Noël sans leur envoyer des cartes de voeux.

Quelques-uns ont même fait appel à ses connaissances en aéronautique, dont Nicolas Malfin pour l'album Cézembre et Yann et Henriet pour Dent d'ours.

«Dans les deux cas, j'ai eu une reconnaissance. C'est-à-dire que, dans l'album, j'ai eu mon nom. Il n'y a pas de prix à ça», ajoute celui qui collectionne aussi les jouets anciens.

Les enfants de Michel Desgagnés ne souhaitent pas hériter de la collection de bandes dessinées de leur père. Ce dernier ne sait donc pas s'il va léguer ses milliers de livres à une bibliothèque ou s'il va les vendre.

«Je ne saurais pas vous dire dans 20, 30 ans ce qui va arriver, mais je suis très peu attaché à la valeur intrinsèque de la collection. Lorsque je ne serai plus passionné, je me poserai la question.»