Le Salon du livre de Montréal offre aux écrivains l'occasion unique de rencontrer leurs lecteurs, et inversement. L'auteur jeunesse Robert Blake, lui, a choisi de faire de la séance de dédicace son mode de vie. Et cela porte fruits, puisqu'il vient de franchir le cap des 35 000 exemplaires vendus.

Cinq jours sur sept, depuis plusieurs années déjà, Robert Blake s'installe avec sa table et son tabouret dans une librairie près de chez vous pour rencontrer les lecteurs et faire connaître ses contes philosophiques pour les «8 à 101 ans».

Cet exercice, que d'autres pourraient trouver humiliant, il l'accomplit avec enthousiasme. Ce qui l'anime, ce sont les rencontres, les échanges avec les gens.

Ils sont peu nombreux, les auteurs capables, comme lui, de s'éditer eux-mêmes. Mais Robert Blake a un parcours atypique: diplômé en économie, titulaire d'une maîtrise en administration des affaires, il a travaillé pendant une dizaine d'années dans le multimédia. Il allait de soi qu'il serait son propre éditeur quand il a choisi de se consacrer à ce qui lui tenait à coeur: l'écriture et l'exploration du monde intérieur. « Il y a du pour et du contre. Mais j'ai une liberté de création absolue!», dit-il.

Une constante est apparue dans la vie de l'écrivain entrepreneur: le souci des jeunes autistes ou maltraités. Son travail de maîtrise a été utilisé par la Direction de la protection de la jeunesse. Son rêve, qu'il espère réaliser bientôt: distribuer son conte sur la maltraitance, Le bleu de l'espoir, dans tous les Centres de la petite enfance. Il suffit qu'une seule personne parle pour que cela ait servi à quelque chose, explique-t-il. Déjà, des éducatrices lui ont raconté qu'après la lecture du conte, des jeunes leur ont parlé de leurs propres bleus.

Une fable sur l'intimidation

Son plus récent conte illustré, Jack et Koukie, lancé cette année en français et en anglais, raconte la mise à l'épreuve de l'amitié entre un chat et une souris. Le premier est amené à renier et chasser son amie, à cause des pressions des autres chats. Une fable sur l'intimidation qui permet à l'auteur de démarrer des discussions avec les élèves des écoles où il est invité.

En marge du Salon du livre de Rimouski, il a rencontré des enfants trisomiques. «Avec eux, on ne peut parler qu'avec son coeur!», dit-il. Avec des plus vieux du secondaire, il a exploré le problème de l'intimidation et des leaders négatifs.

Dans son premier roman, Le voyage, réédité il y a deux ans, une fillette rencontre un vieux monsieur qui lui raconte des histoires incitant, entre autres, à écouter son coeur et soigner l'imaginaire. Dans son second livre, Kaya, le même vieux sage fait la connaissance d'un lutin, qui lui raconte des légendes sur la création et l'équilibre du monde. De tous ses livres réunis, Robert Blake affirme avoir vendu plus de 35 000 exemplaires.

De sa position à part, il garde un oeil critique sur le monde de l'édition, particulièrement sur les subventions à la production - et non à la diffusion - qui favorisent selon lui un trop grand nombre de titres au détriment de la qualité, et qui explique, en revanche, que de bons livres ne rejoignent pas leurs lecteurs faute de mise en marché adéquate.

Robert Blake rencontrera ses lecteurs au Salon du livre de Montréal (stand 364).

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Jack et Koukie. Robert Blake. Éditions du 9e jour, 36 pages. www.9ejour.com