Les filles en série, publié en 2013, a certainement été l'un des livres féministes les plus importants publiés au Québec dans la dernière décennie. Or, il s'en est passé des choses depuis 2013: l'élection de Trump, le tsunami #metoo et le mouvement #blacklivesmatter ont marqué les récentes années.

C'est sur ce dernier mouvement que Martine Delvaux s'attarde dans la réédition de son essai, qui bénéficie d'une nouvelle préface et de trois nouveaux chapitres, sur le monde du ballet, la solidarité entre femmes et l'impact du féminisme de Beyoncé.

En fait, elle prend partie dans le débat très polarisé sur l'intersectionnalité qui a remis en cause le féminisme blanc. Car selon Delvaux, qui s'appuie beaucoup sur James Baldwin dans la préface, la fabrique des filles en série est aussi une usine à produire des filles blanches en premier, qui sont ainsi «mises au service du racisme».

L'idéal occidental d'être mince, blanche et blonde «est imposé comme une norme à laquelle toutes les femmes à travers le monde sont amenées, un jour ou l'autre, peu importe leurs origines, la couleur de leur peau, ou leur identité de genre, à se comparer».

Bref, pour celles qui ont aimé ce livre, il fallait certainement des ajouts (et il en faudra peut-être encore dans quelques années), et Martine Delvaux a choisi son camp, qui est de sortir du rang du féminisme blanc, au risque de perdre des fans qui réfutent cette vision. Ce qui est tout à son honneur.

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Les filles en série. Nouvelle édition revue et augmentée. Martine Delvaux. Les éditions du remue-ménage. 269 pages.