Stratford-upon-Avon est fin prête pour célébrer en grande pompe samedi son plus illustre représentant, William Shakespeare, né puis mort il y a 400 ans dans cette coquette ville du centre de l'Angleterre.

Près de cinq millions de personnes venues des quatre coins du globe visitent tous les ans la charmante cité de 27 000 habitants, plantée dans la campagne anglaise, sur les rives romantiques de la rivière Avon.

Cette année, les pèlerins, de l'écolier français au touriste taïwanais, sont plus nombreux que jamais à arpenter les ruelles bordées de maisons à colombages, lancés sur la trace du géant de la littérature, décédé le 23 avril 1616.

«On n'aura jamais fait le tour de Shakespeare. C'est l'un des plus grands de tous les temps. Il a su retranscrire toute la palette des émotions à travers ses personnages. Roi ou paysan, il nous montre ce que cela signifie d'être humain», explique à l'AFP Paul Edmondson, directeur de recherche à l'association qui veille sur la maison natale du poète dans Henley Street.

Pour le 400e anniversaire de sa mort, Stratford-upon-Avon a vu les choses en grand.

Judi Dench, Helen Mirren, Ian McKellen, Benedict Cumberbatch ou encore Joseph Fiennes: les comédiens les plus en vue du pays seront samedi au Royal Shakespeare Theatre pour jouer les scènes les plus connues du dramaturge, sous les yeux du prince Charles, l'héritier du trône britannique.

Le spectacle Shakespeare Live! sera retransmis en direct à la télévision et dans des cinémas à travers l'Europe.

Une parade menant jusqu'à sa tombe et un feu d'artifice viendront ponctuer une journée rythmée par du théâtre de rue, des danses et des concerts en ce 23 avril, jour de la Saint Georges, fête nationale en Angleterre.

«Ce sera la fête totale, sur un air de festival. Les équipes vont débarquer de partout. C'est un énorme défi logistique et artistique», souligne Geraldine Collinge, directrice de l'événementiel à la Royal Shakespeare Company.

«C'est le patron»

«Nous sommes ici dans le berceau de Shakespeare», rappelle Cyril Nri, un acteur shakespearien de 54 ans qui interprète Polonius dans Hamlet, pièce jouée au Royal Shakespeare Theatre jusqu'au 13 août.

«Pour un comédien, c'est le zénith», raconte-t-il à l'AFP. «Car Shakespeare est éternel. Il est mort il y a 400 ans, ça aurait pu être il y a quatre ans, ou quatre heures, tellement il est toujours d'actualité. C'est le patron.»

À Stratford-upon-Avon plus qu'ailleurs. Où qu'on passe, son héritage est omniprésent. Dans le jardin verdoyant de sa maison natale, une troupe de comédiens répète les pièces du maître. To Be, Or not to Be, lance Louis Osborne.

«Parler Shakespeare là où il est né, c'est littéralement un rêve», s'enthousiasme l'acteur de 25 ans.

Quelques centaines de mètres plus loin, les touristes se bousculent pour visiter la tombe du dramaturge à l'église de la Sainte Trinité. Et lire la terrible épitaphe: «Mon ami, pour l'amour de Jésus, abstiens-toi de creuser la poussière enfermée ici. Béni soit celui qui épargne ces pierres. Et maudit soit celui qui déplace mes os.»

Récemment, des archéologues ont déterré une vieille théorie selon laquelle quelqu'un aurait défié la malédiction.

Une radiographie de la tombe de Shakespeare a révélé une «étrange altération du côté de l'endroit où devait se trouver sa tête, ce qui accrédite la thèse qu'à un moment de l'histoire quelqu'un est venu voler le crâne de Shakespeare», ont-ils déclaré.

Mais il en faudrait plus pour convaincre le révérend Steve Bate, qui assiste le vicaire à l'église de la Sainte Trinité.

«Personne n'a ouvert la tombe et nous continuons à respecter la volonté de Shakespeare qu'on ne la dérange pas. On ne sait pas ce qu'elle recouvre vraiment. Cela restera un mystère», dit-il à l'AFP.